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Visite de Poutine à Paris : « que du business » ?

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Alors que l’année de la Russie a débuté en France depuis six mois, les signes d’entente entre les deux pays se font plus fréquents.

La Russie a, en effet, voté les sanctions de l’ONU adressées à l’Iran le 9 juin dernier et a gelé ses livraisons de missiles anti-aériens perfectionnés de type S-300 à Téhéran. Ces derniers ont précisé au premier ministre russe qu’ils infligeraient à Moscou des pénalités pour non-exécution de ce contrat signé depuis plusieurs années. Selon l’Elysée, Nicolas Sarkozy a estimé que c’était une mesure « extrêmement courageuse ». De plus M. Poutine a eu un entretien en tête-à-tête avec Christophe de Margerie, le président du géant français du pétrole Total, notamment impliqué dans le vaste projet gazier de Chtokman, dans le grand Nord russe.

Bien entendu, ces négociations ont des contreparties. La France devrait, en effet, vendre à la Russie une frégate Mistral et participer à la construction de trois autres dans des chantiers navals russes, même si elle pousse pour en vendre deux. Cette question de transfert de technologie n’est pas encore tranchée, d’autant plus qu’elle représente une première pour un pays de l’OTAN. La frégate Mistral est un bâtiment de guerre de projection et de commandement (BPC) doté d’une grande mobilité, qui peut transporter des hélicoptères, emmener des troupes et des blindés vers un théâtre d’opérations, abriter un état-major ou un hôpital.

Une telle capacité de projection pour la Russie à de quoi effrayer, surtout lorsqu’un général russe déclare admiratif peu après le conflit géorgien de 2008 : « avec un bâtiment comme celui-ci, nous aurions pu gagner la guerre en quelques jours ». La riposte politique de l’Europe avait pris une semaine à arrêter les troupes russes… Ce marché fait aussi écho aux incidents de séance d’avril dernier : lorsque le vote du prolongement du bail accordé par l’Ukraine à la Russie pour que cette dernière puisse stationner sa flotte en Crimée avait été interrompu par une bataille rangée au parlement ukrainien.

La Russie veut accroître sa position de puissance et le faire en augmentant sa puissance navale et sa capacité de projection. Et pour ce faire, elle est prête à rentrer dans le jeu diplomatique des puissances occidentales. Une fin ou un moyen ?

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