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Les faiblesses de l’ogre allemand commencent à inquiéter

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Du drapeau allemand jaillissent les lumières de la vertu. Depuis le début de la crise, le pays réunifié incarne un modèle de réussite pour le continent. Véritable locomotive d’une Union Européenne en crise, l’Allemagne impose le respect et de nombreux gouvernements prétendent s’en inspirer pour sortir leur pays de l’ornière. Pourtant, des milliers de personnes manifestent contre l’austérité allemande et deviennent les contempteurs d’un régime non exportable. Dans les deux cas, l’Allemagne est considérée comme un véritable Zeus de l’économie dont le modèle n’est pas attaquable. Après tout, Berlin ne se targue-t-il pas d’être au plein-emploi, de jouir d’un excédent extérieur important et d’être capable de voter un budget à l’équilibre ? Pourtant, de nombreux dangers pèsent sur la croissance allemande.

La faiblesse économique de ses voisins : la croissance très faible de ses partenaires commerciaux affaiblit ses exportations. Or un emploi sur quatre dépend de celles-ci. La situation budgétaire des pays en difficulté laisse présager une intervention progressive de l’Allemagne dans les politiques d’assainissement financier par des mécanismes de garantie de dettes (voire d’annulation). En résulterait une dégradation de la qualité du crédit allemand, et une probable hausse des taux d’intérêt.

La perte de compétitivité de ses industries : la situation de plein-emploi a poussé les entreprises à augmenter les salaires réels, croissance aujourd’hui plus rapide que la productivité. La compétitivité allemande s’étiole et les marges des entreprises se réduisent, limitant par conséquent les investissements des entreprises.

Un risque énergétique : l’Allemagne a opté pour une sortie du nucléaire et une recarbonisation de son économie : 61% de son énergie provient de charbon, gaz et pétrole importés pour le fonctionnement de centrales thermiques. Outre la dépendance énergétique qui en découle, Berlin a pris le risque de renchérir sa facture énergétique et d’affaiblir la compétitivité de ses industries énergétivores à l’heure d’une hausse des prix des matières premières.

Des menaces sociales : les réformes Hartz sur l’indemnisation du chômage ont encouragé la création d’emplois atypiques dont les fameux « minijobs » qui représentent aujourd’hui 10% des emplois allemands (peu d’heures pour un faible salaire non assujetti aux cotisations sociales) et les emplois intérimaires qui concernent un million de salariés. Les classes moyennes s’affaiblissent et les inégalités se creusent.

Des inégalités géographiques : les taux de fécondité, le PIB par habitant de Dresde sont inférieurs à ceux de Bonn stimulant les migrations.

Un péril démographique : la population allemande décroît depuis 2003 avec un taux de natalité très bas (1,39 enfants par femme). Le recensement dont les résultats sont connus depuis hier a accentué le déclin en amputant 1,5 millions de personnes à la précédente estimation ! En 2060, nous n’aurions plus que 65 millions de voisins outre-Rhin  ce qui affaiblira son poids dans les institutions européennes. Un Allemand sur cinq ayant plus de 65 ans, le solde migratoire est redevenu positif depuis 2010 mais toujours insuffisant pour contrebalancer le vieillissement de la population, le manque de main d’œuvre et l’insuffisance d’actifs pour financer les retraites.

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