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Rétrospective 2016 : populisme ou rébellion des peuples ?

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2016 aura marqué un séisme politique dans bon nombre de chancelleries occidentales, symbolisé entre autres par la sortie du Royaume-Uni de l’UE (Brexit) et l’élection de Donald Trump comme Président des Etats-Unis. Ces choix, lourds de signification et de conséquences, sont-ils le reflet d’une manipulation du peuple par le politique (« populisme ») ou plutôt une affirmation de sa volonté réelle ?

La victoire de Trump-Johnson n’est pas due au seul populisme que les deux ont été accusés de promouvoir…

En 2016, il fallait donc parier sur les grosses cotes. Ou plutôt, ne pas écouter les représentants d’une caste liée aux médias et à la sphère politique persuadés que la prétendue raison l’emporterait au final. Ainsi, toute la campagne du Brexit était marquée par un profond soutien au « in » de la part des grands partis traditionnels, britanniques et européens, ainsi que les médias. Ceux-ci pensaient le Brexit impossible, tant il semblait que la fin de l’appartenance britannique à l’UE créerait un traumatisme violent. Quelques mois plus tard, les grands médias américains avaient pris fait et cause contre Donald Trump, chose rare dans une grande démocratie occidentale. Et pourtant, là encore, Trump déjoua les pronostics.

Ces évènements, comme d’autres passés (émergence de mouvements populaires en Grèce, en Italie, en Espagne) et actuels (rejet du référendum de la nouvelle Constitution italienne provoquant le départ de M. Renzi) ont pourtant bon nombre de rapprochements. Il s’agit d’une rébellion d’une frange non négligeable de la population qui ne voit plus les bénéfices des politiques défendues par les grands partis traditionnels. Cette frange recoupe les déçus et exclus de la mondialisation, ainsi que les patriotes, opposés à une prétendue « élite », généralement comprise comme le « système ». Il est d’ailleurs assez cynique de voir la chasse à courre récente de certains politiques qui se prétendent désormais « antisystème », ou « révolutionnaires » alors qu’eux-mêmes ne sont que l’incarnation vivante dudit système…

Toutes ces catégories sociales ont donc été largement sous-estimées par les sondages, les médias, et les politiques eux-mêmes. C’est paradoxalement par des discours volontiers anti-système voire choquants que Trump s’est fait élire, face à une Hillary Clinton qui n’était la représentante que d’un système dont les Américains commençaient pour partie à se lasser, notamment hors des grands centres urbains. C’est ainsi des pays à (au moins) deux vitesses que la mondialisation a généré, entre gagnants et perdants, profiteurs et exclus, et que ce processus tend de plus en plus à séparer et opposer.

Il est assez notable, voire même curieux, de voir que la réponse des peuples passe par plus de droite que par plus de gauche. Les peuples en faveur du Brexit ou de Trump sont plus inquiets par les impacts culturels, migratoires voire religieux de la mondialisation que par ses conséquences sociales et économiques. En effet, les expériences gauchisantes sont assez rares (Grèce, et dans certaines régions espagnoles) alors que la vague droitière, patriote voire xénophobe commence à se répandre.

Ces phénomènes sont bien l’expression d’une victoire du peuple par défaut. Par défaut s’entend ici par « faute de mieux ». Certaines catégories sociales n’en peuvent plus du système actuel et de ses représentants, et n’hésitent donc plus à franchir ce plafond de verre électoral que les classes dirigeantes pensaient réservé à une minorité. Cela leur donne raison pour le moment tant, par exemple, que la catastrophe annoncée d’un Brexit pour le Royaume-Uni ne se manifeste pas dans les faits. Le populisme aura gagné lorsqu’il sera prouvé que ces gens auront été réellement floués par les discours mensongers de certains, pas avant.

Trump et le Brexit sont-ils des expériences de citoyens aventuriers se comportant comme des joueurs de poker faisant tapis avec un maigre pécule, des cygnes noirs amenés à ne pas se reproduire dans le temps et l’espace ? L’avenir le dira. Mais il est évident que 2016 aura été une hécatombe pour les dirigeants de bon nombre de pays occidentaux. L’hécatombe annoncée pour les pays en question, elle, se fait toujours attendre.

 

 

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