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Vers un recalcul du PIB ?

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Plusieurs pays européens viennent d’annoncer l’intégration dans le calcul de leur Produit Intérieur Brut de nouveaux revenus provenant de l’économie souterraine. Ceux-ci seront principalement constitués des recettes liées à la drogue et à la prostitution.

Pour rappel, le PIB mesure la valeur ajoutée annuelle produite par une économie, fait figure d’indicateur de référence des performances économiques et du développement d’un territoire.

Ce changement provient d’une réforme européenne visant à harmoniser la prise en compte de ces activités, illégales dans la majorité des pays, mais légales en Allemagne notamment pour la prostitution ou aux Pays-Bas pour les drogues. Ainsi, les mesures du PIB seront désormais identiques dans toute l’Europe.

L’intégration de ces nouveaux revenus ne sera pas négligeable. Ainsi, le PIB italien pourrait bien croître de 2% en 2015, même si l’économie souterraine est encore largement sous-estimée dans ce pays. Ainsi, en pleine crise, cette harmonisation européenne pourrait bien donner une bouffée d’air frais à des pays aux ratios déficit/PIB et dette/PIB toujours plus marqués, même si, bien évidemment, bon nombre de ces activités continueront d’échapper à l’impôt.

Des calculs fiables ?

Mais, alors que la véracité de la mesure des revenus légaux intégrés au PIB est souvent remise en cause, il y a fort à parier que l’intégration de ces sources illégales de revenus soit encore plus sujette à débats. Aux Pays-Bas, les quantités de drogue consommées proviennent de données utilisées par des ONG tandis que les prix sont officiellement tirés d’Internet. Autrement dit, la fiabilité des données reste encore fortement perfectible. De même, comment calculer les revenus générés par la prostitution ? Comment estimer le nombre de prostitué(e)s, leur nombre de rapports annuels, leurs tarifs, etc. ? Des études économiques et économétriques seront très probablement publiées dans les années à venir.

Le PIB est l’indicateur le plus utilisé pour comparer deux économies entre elles. Néanmoins, il reste une estimation très imparfaite que cette dernière réforme n’améliorera qu’à la marge. Car le gros du progrès reste à faire dans de nombreux pays émergents et en développement, où système D, corruption et économie souterraine sont très largement sous-estimés. Pourquoi, si l’objectif est bien de s’entendre sur une mesure globale du PIB, tâcher d’utiliser moins de sources de revenus au lieu de chercher à en agréger toujours plus, en se basant sur les données et revenus les plus fiables ? Car tant que bon nombre d’activités demeurent illégales et non déclarées, les doutes continueront de planer sur la réelle fiabilité du PIB.

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