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Les agences de notation, ou la dictature du AAA (1/2)

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Elles sont trois. Trois juges implacables pouvant faire et défaire la croissance d’un pays ou d’une entreprise : Fitch, Moody’s et Standard and Poor’s. Déjà tenues pour responsables (en partie) de la crise de 2008, ces trois-là refont parler d’elles en 2011, en abaissant les notes de pays actuellement (les PIGS européens) ou bientôt (les Etats-Unis) en difficulté.

Les premières notations datent du XIXe siècle et plus précisément de la construction du réseau ferré américain. Les investisseurs d’alors cherchaient par tous les moyens à obtenir des informations sur des compagnies ferroviaires afin d’éviter de perdre leur argent. De là est née l’analyse financière des entreprises et, par la suite, des pays.

Comme en classe, les pays sont notés, le triple AAA équivalant à un 20/20. Et comme en classe, s’attirer les bonnes grâces du professeur est toujours bénéfique. Ici, ces agences prennent les traits du professeur autoritaire, et ce système, on le voit, atteint ses limites dès lors qu’on comprend que les agences ont tout pouvoir pour faire et défaire la réputation des entreprises et des pays. Le triple A correspond à une « capacité extrêmement importante de respecter ses engagements financiers ». En résumé, l’emprunteur peut sans problème sécuriser un prêt à de très bas taux d’intérêts, si bien que l’argent prêté a de fortes chances de revenir dans la poche du prêteur. Le mot clé est ici la notion de « défaut ». C’est ce qui guette la Grèce aujourd’hui, malgré ce que l’accord de Bruxelles de la mi-juillet veut bien nous faire croire.

Il ne faut pas croire malgré tout que, sans ces agences, tout irait mieux dans le meilleur des mondes. L’ultralibéralisme des années 1980 a eu un contrechoc sur les décennies qui suivirent. Nous sommes en train d’en faire les frais. La mondialisation a promu le décloisonnement des économies, si bien que les Etats en viennent désormais à être en concurrence non plus pour attirer les capitaux, mais pour profiter des meilleurs taux d’intérêts auxquels ces capitaux seront prêtés.

Ne tombons pas non plus dans la critique naïve de la mondialisation (la « démondialisation » fleure bon le populisme), car les Etats ont aussi leur part de responsabilité. Ils sont tombés dans le piège (ou plutôt le traquenard) des prêts faciles, et donc des dépenses faciles.

Nous verrons dans la suite et la fin de cet article l’influence de ces agences sur les économies européennes, et désormais, l’économie américaine.

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