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L’Islande : Une insertion originale dans la mondialisation (2/4)

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geothemie islande
Station géothermique de Krafla

L’Islande et ses 320 000 âmes n’ont évidemment pas les moyens de rivaliser sur le plan financier ou économique avec les grandes ou moyennes puissances européennes et mondiales ; cependant, son accès à un contexte géodynamique exceptionnel, des ressources en quantité inquantifiable, et la mise en place d’une politique économique efficace lui ont permis de se placer comme un partenaire de l’Union Européenne et une destination privilégiée de certaines entreprises de l’industrie d’aluminium.

Economie diversifiée et fructueuse

La pêche, économie traditionnelle, vivrière mais aussi lucrative :

La pêche est un symbole culturel de l’Islande, depuis le XIIIème siècle elle y est pratiquée. A la fin du XXème siècle elle ne peut résister aux mécanismes de la mondialisation et connait de profondes mutations pour s’y accommoder (régularisation, quotas…). Elle représente aujourd’hui un secteur omniprésent et indispensable à l’économie islandaise ; en effet, la pêche en Islande est une activité dont le secteur primaire représente 8 % du PIB et 60 % des exportations. C’est une économie favorable à l’exportation, l’ouverture sur les échanges, principalement avec l’UE depuis qu’elle fait partie de l’espace économique européen (1993).

Matières premières et industrie d’aluminium : des secteurs porteurs et dynamiques :

L’Islande a peu de matières premières, elle exploite aujourd’hui la diatomite à travers quelques exploitations. Ce micro fossile de diatomées est recherché pour les applications de filtration. Son exploitation est économiquement rentable en Islande. En effet, les boues extraites de lacs sont séchées dans des installations automatiques alimentées grâce à la vapeur issue de la géothermie, qui est l’une des spécialités de la politique énergétique islandaise et l’un de ses piliers.

L’Islande dispose d’un potentiel en énergie géothermique et hydroélectrique aujourd’hui optimisé et de plus en plus exploité. Plus de 80% de la population utilise aujourd’hui un système de chauffage basé sur la géothermie.
L’énergie hydroélectrique est exploitée par de nombreux barrages hydroélectriques. L’Islande a envisagé l’exportation de l’électricité qu’elle produit vers le continent européen par un câble sous-marin. Elle cherche aussi à attirer des industries nécessitant beaucoup d’énergie, tel que la transformation de l’aluminium.
La production d’aluminium est l’activité industrielle consommant le plus d’énergie en Islande. Comme nous l’avions vu dans l’article précédent, un câble sous-marin représentait un coût trop élevé, ce qui avait poussé le gouvernement à mettre cet excédent d’énergie au profit d’industries aux fortes consommations énergétiques qui souhaiteraient s’installer. Ce secteur économique est en plein développement. En 2008, trois usines de productions sont d’ores et déjà en fonction et deux sont en cours de planification. De nombreux groupes étrangers (notamment l’américain Alcoa) viennent s’y installer et participent à la croissance et au développement économique de l’île.

Des accords commerciaux et politiques majeurs :

Le commerce extérieur joue un rôle important dans l’économie islandaise. Les exportations et les importations représentent chacunes un tiers du PNB. L’Islande exporte majoritairement vers l’UE, ainsi que des pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE), des États-Unis et du Japon.

L’Islande à développé une stratégie économique intelligente ; consciente de sa faible force de frappe dans ce domaine, elle s’est relativement ouverte en commerce extérieur, ce qui a été renforcé par son admission dans l’espace économique européen en 1993 et par les accords du GATT (Uruguay round). Ces traités, facilitant les exportations islandaises (particulièrement pour des produits de la mer) sont aussi une ouverture pour les grandes entreprises européenne et mondiales, qui viennent s’implanter et profiter des ressources du territoire (faibles coûts énergétiques, terre riche et vierge…) . Cependant, l’agriculture reste largement subventionnée et protégée : les droits de douane peuvent s’y élever jusqu’à 700% du prix de la marchandise. Ainsi, le pays, malgré sa dépendance vis-à-vis du commerce extérieur, conserve le contrôle des flux de marchandises et une souveraineté territoriale. Ce dernier point est probablement une des plus grandes réussites des politiques économiques et budgétaires, qui permettent de ne céder ni aux pressions des états ni à celles des grands groupes industriels.

Après s’être difficilement relevée de la crise financière de 2008, marquée par l’instauration des contrôles de capitaux et un bras de fer gagné contre l’AELE concernant le remboursement des avoirs gelés par les banques islandaises, cette petite île et ce petit peuple étonnent aujourd’hui le monde : dune part par leur audace et leur apparent détachement de toutes règles de bienséances financières ; d’autre part par leur ingéniosité, l’efficience de leur système économico-énergétique et du tissus d’alliances et de partenariats qu’ils ont su se créer. Passant de petit état dépendant à mine énergétique indispensable à l’Europe, l’Islande s’est intégrée efficacement, hors des sentiers battus, dans la mondialisation économique et la logique du profit.


Pour aller plus loin :

https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ic.html (EN)

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/islande/4 (FR)

http://www.latribune.fr/economie/international/l-islande-tourne-definitivement-la-page-de-la-crise-482669.html (FR)

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