Monde et mondialisation

Le bouleversement du marché énergétique durant les années 1970 : mise en place (2/3)

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Malgré un certain nombre de risques, nous avons vu que les mutations du secteur énergétique donnaient pleine satisfaction aux consommateurs. Mais beaucoup moins aux producteurs.

Première conférence de l'OPEP à Bagdad quelques mois après sa création, en 1960
Première conférence de l’OPEP à Bagdad quelques mois après sa création, en 1960

En effet, les pays producteurs, bien qu’enregistrant des taux de croissance corrects, ont vite compris qu’ils pouvaient mieux exploiter leurs richesses pétrolières avec des politiques plus offensives. L’accroissement de leur influence passe par deux grandes décisions, à l’échelle mondiale puis nationale. En 1960, l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït et le Venezuela créent sous la forme d’un cartel l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Ce cartel croît rapidement au cours des années 1960 et rassemble les principaux grands producteurs mondiaux, à l’exception notable de l’URSS. C’est grâce à cette union renforcée que les producteurs pèsent beaucoup plus sur l’offre au début des années 1970 et que toute demande d’un pays de l’OPEP ou du cartel entier est directement entérinée. Au début des années 1970, le cartel est devenu un acteur majeur de la géopolitique de l’énergie. Ses composantes peuvent désormais agir à une échelle plus strictement nationale. Quand l’Algérie nationalise les avoirs pétroliers étrangers ou quand l’Arabie Saoudite détient désormais à 100% l’Aramco, principale compagnie d’hydrocarbures opérant dans le pays, c’est un camouflet pour les pays étrangers. Quand l’OPEP obtient très facilement un relèvement des prix du brut suite au Nixon choc de 1971, c’est un premier pas vers un bouleversement majeur qui est fait. Puisque lorsque l’OPEP décide d’un quadruplement des prix fin 1973, c’est le début du premier choc pétrolier.

Cette posture offensive déstabilise complètement le marché énergétique mondial. Elle va de pair avec des obligations plus fortes faites aux compagnies étrangères opérant sur place, via un meilleur partage des bénéfices, mais également avec la multiplication des joint-ventures et des transferts de technologie, permettant à long terme aux pays producteurs d’exploiter eux-mêmes leurs champs. L’intérêt n’est pas uniquement économique : il est politique. Les pays arabes, majoritaires au sein de l’OPEP, utilisent l’arme pétrolière en guise de représailles vis-à-vis de pays trop favorables au régime israélien à la suite de la Guerre du Kippour.

En l’espace d’une décennie, grâce à une meilleure compréhension des enjeux mondiaux et à une indépendance renforcée (après les vagues de décolonisation ou par l’appartenance au bloc des non-alignés), les pays producteurs ont renversé le marché énergétique mondial amorçant (ou renforçant pour certains) la crise dans les pays consommateurs. Crise et conséquences que nous étudierons dans une dernière partie.

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