Ex-monde socialiste

Les errements significatifs de l’URSS de Khrouchtchev (1956-1964)

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Khrouchtchev est trop souvent réduit à son « rapport K » de 1956, premier du genre à exposer les dérives du stalinisme tout juste disparu (mais aussi ses bienfaits) ou à la coexistence pacifique, restée plus doctrinale que pragmatique. Ses huit ans de gouvernance de l’URSS marquent le début de trente ans de décadence soviétique s’achevant à la fin des années 1980.

La fermeté de Khrouchtchev est véritablement restée imaginaire, au grand dam des purs staliniens
La fermeté de Khrouchtchev est véritablement restée imaginaire, au grand dam des purs staliniens

Il est faux de dire que Khrouchtchev a rompu, dès son arrivée, avec 25 ans de stalinisme. Tout simplement car il est impossible de rompre avec une telle emprise du Parti Communiste sur les masses soviétiques. Certes, la censure est affaiblie, le culte de la personnalité critiqué, les libertés parfois défendues. Certes, la coexistence pacifique veut avant tout éviter un conflit nucléaire. Néanmoins, ces huit ans de suprématie ont été fortement guidées par l’héritage stalinien, Khrouchtchev s’avérant incapable d’imprimer sa propre marque au pays (du reste, aucun des dirigeants soviétiques suivants n’en fut capable). Malgré son entreprise de démolition déclenchée à Budapest en 1956, il fut également le premier dirigeant soviétique à s’affaiblir personnellement à l’échelle internationale, en perdant la confiance de la Chine maoïste et surtout en cédant aux menaces américaines après la crise cubaine, ce que Staline n’aurait jamais accepté.

Economiquement, Khrouchtchev est resté bloqué au début des années 1920

La patte de Khrouchtchev dans l’économie peut se résumer au soutien apporté à l’agriculture. Après trois décennies de privilèges donnés à l’industrie, Khrouchtchev souhaite redévelopper une agriculture meurtrie. Le problème est que sa politique reste bloquée aux années 1920, avant toutes les politiques menées par Lénine puis Staline. En effet, c’est une agriculture extensive qui est défendue par le nouveau dirigeant, ce dernier souhaitant profiter d’immenses espaces non cultivés pour enfin permettre à l’URSS de devenir autosuffisante. Il défend également l’offre en soutenant à plusieurs reprises les prix. Néanmoins, cela reste principalement voué à l’échec, Khrouchtchev étant resté aveugle face au véritable problème de l’agriculture soviétique : l’insuffisante modernisation des outils de production.

Localement, la patte de Khrouchtchev n’a guère eu le temps de se faire sentir. Oui, critiquer l’hallucinante bureaucratie empêchant le développement des régions était nécessaire. Développer les sovnarkhozes, sortes d’instances locales du PC, aurait au moins permis de prendre des décisions plus locales que nationales. Néanmoins, il était trop peu armé (et soutenu) pour mener une réforme qui aurait permis de gommer l’un des graves fléaux en URSS. Les rigidités du système ont vaincu cet homme qui a eu pour destin de succéder à un despote irremplaçable. Pour preuve, son remplacement par Brejnev, pur produit du stalinisme, montre que l’URSS n’était pas prête à mettre en place les (rares) entreprises d’ouverture voulues par Khrouchtchev.

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