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La rupture sino-soviétique des années 1960

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Après avoir soutenu l’établissement du communisme en Chine, l’URSS perd en l’espace d’une quinzaine d’années son allié qu’elle pensait le plus fidèle. Cette rupture a renforcé, rétrospectivement l’affaiblissement durable de l’URSS à partir des années 1960.

Khrouchtchev et Mao, en 1959, avant le début officiel des bisbilles sino-soviétiques
Khrouchtchev et Mao, en 1959, avant le début officiel des bisbilles sino-soviétiques

Tout semblait rapprocher la Chine maoïste de l’URSS stalinienne. Au plus fort de la révolte maoïste, à la fin des années 1940, ou pour asseoir le nouveau pouvoir communiste en Chine, c’est l’URSS qui fournit son aide tant militaire qu’économique. Néanmoins, au calme plat de l’économie sous Khrouchtchev au milieu des années 1950, après trois décennies de domination stalinienne, s’oppose le volontarisme de l’économie chinoise, dirigée par Mao. En effet, dès 1958, Mao entreprend le Grand Bond en avant, qui laissa son empreinte sur la Chine plusieurs décennies durant.

Voyant une troisième voie naissante (via le tiers-mondisme) ainsi que le ralentissement de l’économie soviétique, Mao saisit l’opportunité et prétendit, avec ce plan, rattraper les grandes puissances en quinze ans. Il s’éloigne donc du modèle soviétique, en ce sens qu’il donne une part moins importante à l’industrie lourde et un soutien plus important aux campagnes. Cette posture se résume aisément par l’idée d‘une Chine « marchant sur ses deux jambes », avec une croissance répartie entre l’appui à l’agriculture et le soutien à l’industrie. Cependant, les méthodes employées ne diffèrent guère des pires années du stalinisme : travail forcé, horaires démesurés, collectivisation des terres (les communes populaires maoïstes n’ayant rien à envier aux kolkhozes staliniens).

C’est l’affaiblissement politique de l’URSS à l’international qui motive Mao à progressivement couper les ponts avec le grand frère soviétique. En effet, Mao rejette toute idée de coexistence pacifique souhaitée par Khrouchtchev (même si, dans les faits, celle-ci est restée hautement illusoire). La reculade soviétique à Cuba, en 1962, finit d’achever le peu de confiance qu’il lui restait envers l’URSS khrouchtchévienne. L’URSS devient désormais un concurrent économique et politique comme un autre, obligeant le retrait des spécialistes soviétiques ayant aidé la Chine depuis des années et à une rupture officielle en 1963.

La Chine se sent désormais forte pour vivre sans l’aide du voisin soviétique. Elle réalise son premier test nucléaire en 1964 au nez et à la barbe des Soviétiques ayant récemment créé, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, le club des puissances nucléaires via le Traité de Non-prolifération nucléaire, finalement entré en vigueur en 1968. Comble du comble, elle se permet d’entrer en guerre avec l’ex-allié pour l’acquisition de la Mandchourie, en 1969.

C’est donc bien l’affaiblissement de l’URSS qui a poussé Mao à s’émanciper de la tutelle soviétique. Seul pays à avoir quitté le giron soviétique pour créer son propre communisme (à l’exception yougoslave près), la Chine maoïste a tenté par la suite de rallier d’autres pays à son modèle, particulièrement dans le tiers-monde. Plus de quatre décennies plus tard, il faut noter que sur bon nombre de sujets internationaux, Russes et Chinois ont tendance à trouver un consensus parfois à rebours de la communauté internationale. Comme au bon vieux temps de l’entente sino-soviétique des années 1950.

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