Monde et mondialisation

Une histoire du terrorisme : l’arme du faible contre le fort (2/3)

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L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche, attentat déclencheur de la 1ère guerre mondiale
L’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, attentat déclencheur de la 1ère guerre mondiale

Au XIX, le terrorisme prend une nouvelle forme : au terrorisme d’Etat succède un terrorisme d’en bas. Un terrorisme individuel nait qui se pose en opposition avec l’Etat en place. C’est depuis cette époque que le terme est associé à une violence des faibles, une violence d’une minorité. Deux éléments caractéristiques de l’action terroriste, qui subsistent aujourd’hui, se développent.

Tout d’abord, frapper les esprits, inspirer la peur devient l’enjeu principal. L’aspect spectaculaire de l’action prend une importance capitale, en même temps que les stratégies médiatiques. Ainsi, les terroristes s’en prennent essentiellement à des personnalités connues (assassinat de Sadi Carnot en 1894, de Jean Jaurès ou de l’archiduc François Ferdinand d’Autriche en 1914). Mais, ils utilisent aussi les moyens de communication à leurs dispositions (journaux, tracts…). C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui : par exemple, lorsqu’Al-Qaida fait passer ses revendications par le biais de la chaine Al-Jazira.

Ensuite, le terrorisme reçoit une légitimité intellectuelle par certains auteurs, notamment le terrorisme anarchiste. Le terrorisme servirait, selon eux, à protéger une certaine conscience politique ou à exprimer leurs revendications politiques. Lors du procès des Trente en 1894, au cours duquel trente anarchistes devaient être jugés, de nombreux intellectuels affirment leur soutien à ceux-ci. Leur conceptualisation de l’acte terroriste contribue à légitimer ces actions meurtrières.

Après la seconde guerre mondiale, ce sont essentiellement des mouvements de libération qui sont désignés comme « terroristes ». On pense par exemple au FLN en Algérie. Le contexte difficile de la décolonisation attise alors les tensions et les actions violentes. Mais, c’est en 1968 que le terrorisme prend sa forme contemporaine avec l’apparition de deux groupes :

  • les Tupamaros d’Uruguay : au nom de la démocratie, ils décident d’utiliser la violence pour mobiliser les masses. Ils espèrent que la répression étatique qui s’en suivra conduira à des soulèvements populaires.
  • le conflit israélo-palestinien : la 1ère action terroriste du Front de Libération de la Palestine (détournement d’un avion en 1968) va attirer l’attention occidentale sur le conflit.

D’un côté, l’action terroriste en appelle à une conscience des masses et de l’autre, une publicité du mouvement qu’elle défend. Cette seconde branche est celle qui va perdurer. Sur fond de conflit israélo-palestinien et d’incompatibilité idéologique entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest, le terrorisme tel que nous le connaissons apparaît dans les années 70.

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