1939 - 1973

1955 : La conférence de Bandung

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Présentée comme l’acte de naissance du Tiers-Monde, terme créé en 1952 par Alfred Sauvy, la conférence de Bandung a réuni 29 délégations d’Afrique, d’Asie et du Proche-Orient du 18 au 24 avril 1955.

Nehru, instigateur de la conférence de Bandung. Après la fin de la Guerre d'Indochine en 1954, les puissances asiatiques veulent accélérer les mouvements d'indépendance.
Nehru, instigateur de la conférence de Bandung. Après la fin de la Guerre d’Indochine en 1954, les puissances asiatiques veulent accélérer les mouvements d’indépendance.

Nehru est à l’initiative de la conférence mais c’est Soekarno, premier président de la République d’Indonésie indépendante depuis 1945, qui accueille les participants avec la Birmanie, le Ceylan, l’Inde et le Pakistan. Bon nombre d’entre eux appartiennent encore à des empires coloniaux comme celui de la France. Au total, 600 délégués furent présents dont Nasser, Sihanouk (représentant le Cambodge), Ngo Dinh Diem (représentant le Sud-Vietnam), et Zhou Enlai. Le point principal du sommet étant que les participants souhaitent ne pas devoir s’aligner sur l’un des deux blocs de la Guerre Froide. Il n’en demeure pas moins qu’une bonne partie est plus ou moins liée à l’un ou l’autre bloc. La Chine et le Nord-Vietnam sont à ce moment encore proche de l’URSS et les Etats-Unis démarchent en coulissent une vingtaine de pays pour un soutien économique et militaire dont le Pakistan et la Turquie. La question de la Guerre d’Algérie est évoquée, ainsi que la politique soviétique en Turquie et en Iraq, le conflit Chine populaire/Taïwan et les problèmes en cours au Proche-Orient et en Nouvelle-Guinée occidentale.

L’envoyé français, Senghor, perçoit l’importance de la conférence qui débouchera sur une déclaration s’appuyant sur les principes de l’ONU. Cette déclaration rappelle le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, condamne le colonialisme et appelle à lutter contre celui-ci en privilégiant la négociation et encourage à ne pas s’aligner sur les blocs. Elle déplore aussi les politiques de ségrégations raciales comme l’Apartheid et propose l’interdiction de l’expérimentation et de la fabrication des armes nucléaires.

Malgré tout, une position claire concernant la doctrine des non-alignés est difficile à construire et aucune trame précise ne se dessine. Les seuls pays neutres à ce moment sont l’Inde et Egypte. Badung reste une conférence de déclaration, pour tester l’attrait de cette idée des non-alignés auprès des pays colonisés ou indépendants depuis peu, mais aussi pour tester la réaction des deux blocs à ce type d’initiative. C’est plutôt la conférence de Belgrade en 1961 menée par Nasser, Tito (alors en conflit avec l’URSS), et Nehru qui posera les bases politiques du mouvement des non-alignés. Cette conférence définira des critères d’admissions comme la non-appartenance à des alliances militaires ou l’absence d’alliance bilatérale avec une des deux grandes puissances. Ces critères expliqueront comment le nombre de pays participant à la conférence est passé de 29 à Bandung à 25 à Belgrade.

Les deux grands assistent en coulisses à ces conférences qui leur permettent aussi de sonder l’opinion des nouveau pays indépendants et de tenter de les influencer à la marge sinon pour les rallier à leurs positions, mais avant tout pour les empêcher de basculer dans le camp opposé.

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