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Le traité de Versailles (1919), le tournant d’une paix manquée ? (1/2)

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Un historien contemporain au traité de Versailles, Jacques Bainville, estimait que le traité de Versailles était un « traité trop mou dans ce qu’il a de dur et trop dur dans ce qu’il a de mou ». Une formule qui résume les ambiguïtés de ce texte, trop souvent réduit à sa fonction de traité de paix. Il a été  signé à la suite de la Première Guerre mondiale, le 28 juin 1919. Le choix de la date (28 juin 1914 : assassinat de François-Ferdinand à Sarajevo considéré comme l’événement déclencheur de la guerre) et du lieu de signature (galerie des Glaces du château de Versailles) symbolisent la volonté de réaffirmer la suprématie française. Entre expression du désir de paix et terreau de l’instabilité de l’entre-deux-guerres, le traité de Versailles influence durablement l’Europe.

Les dirigeants des pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale réunis à Paris (de gauche à droite: Loyd George, Vittorio Orlando, Georges Clemenceau et Woodrow Wilson).
Les dirigeants des pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale réunis à Paris (de gauche à droite: Loyd George, Vittorio Orlando, Georges Clemenceau et Woodrow Wilson).

Volonté de paix à son paroxysme

Le discours dominant en France au sortir de la Première Guerre mondiale est celui qui affirme le désir que la Grande Guerre soit la « der des der ». L’ambition du traité de Versailles est de restaurer l’ordre international. Quelques mois après la signature de l’armistice à Rethondes, le climat qui règne est celui d’un traumatisme lié aux millions de morts, aux régions dévastées et au caractère total de la guerre. Dans ce contexte, s’ouvre la conférence de Paris en janvier 1919 en présence des dirigeants des quatre puissances victorieuses, Lloyd George (Grande-Bretagne), Clemenceau (France), Orlando (Italie) et Wilson (Etats-Unis).

Dans la lignée des « 14 points de Wilson », discours sur un programme de paix en Europe prononcé par le président américain en 1918, le traité de Versailles introduit dans sa première partie l’instauration d’une Société des Nations (SDN) comme organisation garante du nouvel ordre international.

La deuxième partie du traité redéfinit les frontières de l’Allemagne et consacre l’indépendance de la Pologne, l’Autriche et la Tchécoslovaquie. L’Allemagne est amputée de 15% de son territoire et de 10% de sa population au profit de la France (Alsace-Moselle), de la Belgique, du Danemark et de la Pologne (couloir de Dantzig vers la Baltique). L’Allemagne est également privée de ses colonies : Cameroun, Togo, comptoirs en Chine, Turquie, Siam (ancien nom de la Thaïlande). Les dispositions militaires du traité de Versailles à l’encontre de l’Allemagne sont nombreuses. L’armée est limitée à 100 000 hommes, le service militaire est aboli, le réarmement est limité et encadré, les chars et avions sont confisqués et la rive gauche du Rhin est démilitarisée. Dans le domaine économique, le traité de Versailles, sur la base de l’article 231, déclare l’Allemagne et ses alliés responsables de la guerre et de tous les dommages subis. Ainsi, de fortes réparations sont demandées mais ne seront fixées qu’en 1921 durant la conférence de Londres. En outre, l’Allemagne perd le bénéfice de ses brevets dans des domaines où elle était en pointe (la chimie notamment avec le brevet sur l’aspirine). Les fleuves du pays, l’Oder, l’Elbe et le Rhin, sont désormais internationalisés.

Ainsi, la volonté de paix très visible est nuancée par le désir de revanche qui aboutit sur une série de dispositions dont l’ampleur fait naître de profonds ressentiments outre-Rhin.

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Marc GERARD

Ancien élève de CPGE B/L au Lycée Montaigne, Marc Gérard est diplômé d'un master en Histoire des mondes modernes et contemporains, certifié et enseignant en Histoire-Géographie. Il est rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis janvier 2016.

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