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Qu’est-ce que la Weltpolitik ?

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La Weltpolitik (ou « politique mondiale ») est une doctrine géopolitique et diplomatique adoptée par l’Allemagne en 1890 à la demande du Kaiser Guillaume II et qui se caractérise par son agressivité et son ambition mondiale afin d’achever de placer l’Allemagne parmi les « grands » qui dirigent le monde.

La Weltpolitik : l'Allemagne souhaitant se faire une "place au soleil" et l'empereur Guillaume II qui compte bien profiter.
La Weltpolitik : l’Allemagne souhaitant se faire une « place au soleil » et l’empereur Guillaume II qui compte bien profiter.

Alors que l’Allemagne a émergé sur sa victoire de Sedan sur les troupes Françaises, elle est en passe de devenir la première puissance industrielle d’Europe à la fin du XIXème siècle. Mais si l’Allemagne est un géant économique et sait se faire respecter sur le continent, son rayonnement mondial est inexistant. En effet, les deux principales puissances mondiales de l’époque, le Royaume-Uni et la France, se sont déjà partagé la plupart des terres avec leurs politiques coloniales ayant cours depuis le XVIème siècle. Bismarck, dès le lendemain de Sedan en 1871, pense à une politique coloniale mais il sait qu’il ne doit pas marcher sur les plates-bandes d’une France avide de revanche ni alerter la Grande Bretagne par un développement rapide et agressif. La politique coloniale allemande sera donc résumée par une de ses phrases célèbres : « Le marchand doit précéder le soldat ». Concrètement, l’Allemagne confie à des grandes compagnies privées l’exploration et l’exploitation de nouvelles terres et elle leur offre un protectorat. Le premier protectorat est institué en 1884, la même année que le Congrès de Berlin qui place l’Allemagne au centre du jeu diplomatique.

Sur le plan européen et international, l’Allemagne s’efforce donc d’accroître sa puissance sans pour autant effrayer ses voisins. Mais après le départ de Bismarck en 1890, l’empereur Guillaume II décide d’adopter une politique plus agressive pour concurrencer directement les autres empires européens. Le ministre allemande des affaires étrangères, Bernhard von Bulow, résume bien cette position en décembre 1897 en disant « Nous ne voulons jeter personne dans l’ombre mais nous réclamons notre place au soleil ». Le premier instrument de la puissance coloniale étant la marine, le gouvernement allemand passe une série de lois pour développer une « Hochseeflotte » (Flotte de haute mer) afin de concurrencer la Royal Navy. Des incidents se produisent, notamment lorsqu’un cuirassé allemand bloque le port d’Agadir en 1905, ou encore en 1911 lorsque la France et l’Allemagne s’opposent encore au Maroc. A deux reprises, la Grande Bretagne soutient la France face aux ambitions allemandes. Et on voit se constituer le début de l’Entente Cordiale en 1904 pour répondre à cette volonté expansionniste.

Finalement, cette politique aboutit exactement à ce que Bismarck souhaitait éviter : une alliance prenant l’Allemagne en étau. La Triple-Entente, alliance de la Grande Bretagne, de la France et de la Russie s’est créée pour répondre à cette Weltpolitik qui se raccroche alors à une Triple-Alliance avec l’Autriche-Hongrie et l’Italie. Au final, cette Weltpolitik aura préparé le terrain pour la Première Guerre mondiale et caractérise parfaitement les ambitions croissantes de Guillaume II, qui a toujours reproché à Bismarck son approche pragmatique, sa « Realpolitik ».

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