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Qu’est-ce que la « limite Nord-Sud » ?

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L’expression « limite Nord-Sud » est communément connue en tant que séparation imaginaire socio-économique entre un monde développé au Nord (l’Ouest capitaliste et l’Est communiste), et un Sud en retard (le Tiers-Monde). Elle fut créée en 1959 par Sir Oliver Franks, alors Président de la Lloyds Bank.

Elle apparaît plus visuellement en 1980 dans un rapport de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt, « Nord-Sud : un programme de survie », d’où son surnom de « ligne Brandt ». Ce rapport, commandé par la Banque mondiale alors dirigée par Robert S. MacNamara, a pour but de proposer des solutions pour résoudre les problèmes de développement international.

Initialement, selon cette division, le Nord comprend : les Etats-Unis, le Canada, l’Europe, l’URSS, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Le reste du monde correspond donc au Sud. D’autres illustrations ont parfois intégré Taiwan, la Turquie, la Corée du Sud ou Israël au bloc du Nord, mais aucune révision complète ou officielle n’a vu le jour depuis 1980. L’auteur s’explique d’ailleurs sur cette vision bipolaire du monde en début d’ouvrage :

« Il y a des objections évidentes à une image simplifiée montrant le monde divisé en deux camps. Le « Nord » comprend deux pays riches et industrialisés, au sud de l’équateur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Dans le « Sud », la gamme va d’une nation à demi industrialisée, en pleine expansion, comme le Brésil, à des pays pauvres enserrés par les terres, comme le Tchad, ou insulaires, comme les Maldives. Quelques pays du Sud, généralement exportateurs de pétrole, disposent d’un revenu plus élevé par habitant que certains pays du Nord. Mais d’une manière générale et bien qu’il n’y ait pas de classification uniforme ou permanente, « Nord » et « Sud » sont synonymes grosso modo de « riche » et de « pauvre », de pays « développés » et de pays « en voie de développement ».

Ainsi, le Nord, avec 25% de la population mondiale, produit environ 80% des richesses. Cependant, cette notion comporte aujourd’hui un bon nombre de limites : tout d’abord, des pays géographiquement au Sud sont considérés comme appartenant au bloc du Nord (Australie, Nouvelle-Zélande). Par ailleurs, elle ne tient pas compte de la diversité des modèles de développement entre pays d’un même bloc. Enfin, de nombreux pays se sont développés (Au Moyen-Orient notamment, mais aussi en Amérique du Sud) ou, au contraire, ont reculé dans la hiérarchie du développement (en Europe de l’Est, par exemple l’Ukraine ou certains pays de l’ex-Yougoslavie) sans que cette limite n’ait fait l’objet de révision. Si elle a l’avantage de la simplicité, notamment graphiquement, cette « limite » mène finalement rapidement à la confusion, car il serait simpliste de penser qu’une ligne peut si facilement distinguer pays riches et pays pauvres, comme le montre la carte suivante (en oranges les pays avec un PIB/habitant inférieur à la moyenne, en bleus ceux avec un ratio supérieur à la moyenne mondiale).

PIB par habitant en 2010 par rapport à la moyenne mondiale
PIB par habitant en 2010 par rapport à la moyenne mondiale
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