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Planète chinoise – François Hauter – Fiche de lecture

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« La chine est prête à tout pour placer sa marchandise »
« La chine est prête à tout pour placer sa marchandise »

AUTEUR : François Hauter. Réacteur en chef au figaro et grand reporteur. Ancien correspondant en Afrique, en Chine et aux Etats-Unis, il a été reporteur de guerre au Liban, au Tchad, au Cambodge et en Afghanistan. Pris Albert Londres, il est l’auteur d’un roman (Rouge glacé, Stock, 2001). Les reportages qui nourrissent Planète chinoise, publiés dans le figaro en juillet-Aout 2007, ont obtenu de Prix Louis Hachette 2008.

OBJET : Voyage à travers le monde pendant 4 mois pour étudier les différentes communautés chinoises (Afrique, Amérique, Asie…). C’est un livre construit par des anecdotes et des rencontres avec les populations locales, éclairées par des données statistiques.

THESE : émergence d’un empire chinois.

Description : La Chine n’est pas de tradition impérialiste. Elle est toujours allée chercher les richesses qui lui manquaient dans les autres pays pour ensuite les ramener chez elle. Mais depuis 30 ans, le besoin croissant de matières 1eres et d’énergies pour nourrir son industrie l’amène à s’ouvrir.

Cependant, malgré cette ouverture, la Chine conserve son idéologie insulaire. Les Chinois ont « une muraille dans la tête (la dernière muraille fut construite au 18 e siècle). Ils se considèrent comme une civilisation à part, différente, au centre du monde (d’où l’expression : « Empire du milieu »).

Pb : Méconnaissance du monde à l’égard des chinois et incompréhension réciproque face à cette puissance émergente. Comment le monde s’adapte-t-il à cette nouvelle émergence chinoise ?

Moyen de cette croissance chinoise : le commerce. « Le génie chinois, c’est le commerce ». « La chine est prête à tout pour placer sa marchandise ». Elle place les considérations économiques au premier plan, sans se soucier de la politique ni de l’environnement : « Les Chinois se comportent en Afrique comme dans leur propre pays, en destructeurs barbares de la nature ». « Ils ne partagent qu’une seule obsession : le profit immédiat ».

Cette volonté de profit est remarquable. En témoigne la ville de Shanghai.

« La capitale de cette férocité névrotique s’appelle Shanghai ». En effet : « la ville ne possède qu’une mémoire, celle de l’argent ».Les Chinois « thésaurisent leur argent, yuan après yuan, de manière obsessionnelle, comme des Picsous voraces et compulsifs ». Ils s’intéressent aussi de très près aux cours boursiers. La bourse de Shanghai, ce « bocal aux poissons d’or »  suscite donc un engouement notable, sans souci de spéculation : « les bulles à la bourse, ce n’est pas grand-chose! Le marché des actions, c’est comme la bière, s’il n’y a pas de mousse, ça ne ressemblerait pas à de la bière ! » (Xiang Huaicheng, patron du fonds chinois de la sécurité sociale).

Puis, pour étudier l’ampleur de la présence chinoise dans le monde, F. Hauter traverse les continents par étapes :

      1) les marges de l’Empire : Asie centrale, les plus touchés et menacés par la Chine

Ex : projet de construire 15 autoroutes à travers l’Asie centrale vers l‘Europe.

Pourquoi ce projet ? Les Chinois envisagent le déclin de la puissance américaine : les Américains n’auront plus les moyens d’assurer la paix sur les océans et la circulation maritime deviendra moins libre qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les Chinois tentent donc de rétablir les routes de la soie.

      2) L’Afrique

Mozambique : « La Chine depuis 2006 est devenue 3e partenaire commercial de l’Afrique (derrière l’Europe et les Etats- Unis) ». Pour l’Afrique «  la Chine représente l’espoir qu’un monde nouveau est possible, dans lequel le pain serait plus important que la démocratie » (Ndubisi, étudiant universitaire nigérian et chercheur à Harvard)

Le Gabon : «  la Chine n’a évidemment pas de sympathie particulière pour le président Bongo, mais elle en a beaucoup pour son pétrole, son bois, son manganèse et son minerais de fer ». Pékin vient ainsi de « débloquer 3 milliards de dollars de crédits pour un projet colossal : l’exploitation d’une mine de fer à Belinga, détenue à 85 % par les Chinois.

     3) L’Asie du Sud Est

Japon : Depuis 2004 , « le Japon échange davantage avec l’Empire du Milieu qu’avec les Etats-Unis ». La aussi, la Chine n’exige aucune contrepartie à ces échanges, se basant sur «des échanges « gagnant-gagnant, selon le bon vieil adage chinois yifenqian yifenhuo («  un morceau d’argent contre un morceau de marchandise »). « L’empire du milieu, entre 1998 et 2008 est devenu la turbine ronflante de la croissance régionale ».

Cambodge :La Chine intervient aujourd’hui dans l’aide au développement du Cambodge. Anecdote révélatrice : en 2006, La Banque Mondiale et la Banque Asiatique ont proposé 600 millions de $ d’aide au Cambodge, moyennant des mesures de bonne gouvernance, notamment, l’application d’une loi anti corruption. Le mois suivant, le 1er ministre chinois venait à Phnom Penh pour offrir une aide à M. Hum Sen, sans conditionnalité cette fois : « Une manière de signifier que le Cambodge faisait désormais partie des pays « protégés » par Pékin ». « Rien d’étonnant à cela, la Chine veut disposer d’une ouverture sur le golfe de Thaïlande. Le port de Sihanouk-ville permet d’éviter aux cargos chinois de passer par le détroit de Malacca, étroitement surveillé par les Etats-Unis. »

     4) Australie : « L’Australie, c’est la banlieue de Pékin »

Les Chinois émigrent vers Melbourne pour que leur enfant unique puisse bénéficier d’un excellent enseignement. Car, pour connaître la fierté d’une remise de diplôme, « des milliards de Chinois sont prêts à travailler comme des forçats, à se sacrifier jours et nuits, à dépenser n’importe quelle somme », car « l éducation ; c’est l’avenir ». cette émigration est mal vécue par la Chine car, depuis 10 ans, seuls 20% de jeunes Chinois partis étudier à l’étranger, sont retournés dans leur pays, en partie parce que « la découverte de la liberté est quelque chose d’assez extraordinaire pour eux » ( Professeur Osborne, de la Trobe University, en Australie). Ils s’intègrent très bien dans la vie en Australie. Le maire de Melbourne par exemple, est … un chinois !

     5) Amériques

Canada : Là aussi, l’émigration chinoise y est de plus en plus importante. Cherchant une vie paisible, les familles chinoises s’y installent et deviennent souvent de grandes fortunes, grâce à la réussite de leurs projets commerciaux.

BILAN :

-La chine se dirige vers une industrie de l’Intelligence. Elle exporte ses industries bas de gamme vers l’Afrique « Je crois que la Chine va jouer un rôle très important dans le développement de l’Afrique ».

-« La diplomatie chinoise épouse la carte des ressources géologiques du monde : la où il y a des richesses sur la terre, on trouve des représentants de la Chine »

-Par sa masse, la Chine va jouer un rôle majeur. Mais elle ne suivra ni le modèle Européen ni Américain. Les puissances s’enrichiront de ses différences et vice versa.

-La Chine est le miroir de nous même. Elle nous oblige à nous remettre en question.

-L’ouverture de la Chine, est aujourd’hui réelle. La vie des Chinois a radicalement changé, en termes de niveau de vie, et de libertés individuelles. Ils peuvent désormais critiquer le régime (mais ne peuvent pas encore former des syndicats).

ANALYSE :

-F. Hauter met en avant « l’incapacité des Chinois à innover ». Ce modèle de la Chine « se limitant à la copie » n’est-il pas dépassé aujourd’hui ? De même ; il parle de ce pays en tant que « atelier du monde ». N’est-ce pas aujourd’hui une image trop restrictive de la Chine ? En effet, la Chine innove aujourd’hui, notamment dans le high-tech, comme le montre le centre de Shenzen où sont produits 46 % des semi conducteurs chinois.

– Sur le plan des libertés individuelles, F. Hauter dit que la liberté d’expression et de critique à l’égard du gouvernement est acceptée. Or le condamnation de Liu Xiabao pour la rédaction de la Charte 08 témoigne du contraire.

– De plus, la présence chinoise ne se limite plus aujourd’hui au simple intérêt pour les matières premières, mais concerne aujourd’hui des secteurs multiples : automobiles, aviation…

-F. Hauter occulte le problème des minorités en Chine, qui, à terme, pourrait freiner son essor.

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