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Areva au Niger, entre intérêts géopolitiques et géo-économiques français

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Après de longues tractations rendues compliquées par les velléités du peuple nigérien, Areva et le Niger s’entendaient en mai 2015 pour revoir à la baisse les privilèges dont jouissait l’entreprise française sur les mines d’uranium depuis l’indépendance du pays en 1960.

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Exploitation d’uranium d’Areva à Arlit

Quatrième producteur mondial d’uranium, minerai hautement stratégique pour l’industrie nucléaire, le Niger constitue un partenaire privilégié pour la France. Areva avait su tirer profit de l’accord signé entre la France et le Niger lors de l’indépendance : Niamey concédait le monopole d’exploitation des mines d’uranium à Areva en échange d’une protection militaire française. Preuve de cette coopération, en 2009, Areva et l’Etat nigérien parafaient un accord sur la mine d’Imouraren, au centre Ouest du Niger, la plus grande exploitation d’uranium mondiale. Cette dernière s’ajoutait ainsi aux exploitations de Cominak et de Somair, qui ont rapporté en 2013 plus de 70M d’euros.

Si le monopole d’Areva s’effrite depuis quelques années avec l’arrivée de nouveaux acteurs économiques, l’entreprise française doit faire face à une nouvelle menace depuis 2014 : l’insurrection du peuple nigérien. Bon dernier au classement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de 2013, la population civile, soutenue par de nombreux parlementaires, fustigent un accord plus favorable aux intérêts d’une Françafrique héritière du passé, à cet égard renommée « France à fric » par François Xavier Verschave, qu’au peuple nigérien.

Bien qu’Areva ait accéléré sa stratégie de diversification des approvisionnements ces dernières années, s’implantant notamment en Mongolie où le climat sécuritaire semble meilleur, l’entreprise ne peut pas encore se passer du Niger. L’Etat français non plus. Avec une production nigérienne de 2 331 tonnes d’uranium en 2014 le Niger est irremplaçable pour le moment. Et avec une électricité qui provient à 75% de son parc nucléaire, la France n’a aucun intérêt à se priver des mines du Niger, quand bien même la chute des prix du minerai, divisés par deux depuis la catastrophe du Fukushima, affecte la rentabilité de l’uranium nigérien (les prix ont diminué de 50% entre 2016 et 2017). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’ouverture de la mine d’Imouraren initialement prévue pour 2017 a été reportée.

De même, Paris se doit de rester en bons termes avec son ancienne colonie pour maintenir sa place sur un continent convoité par de nouveaux acteurs, et notamment pour préserver la base d’appui de Niamey utile dans sa stratégie militaire au Sahel. Géo-économie et géopolitique semblent intimement liés dans cette affaire.

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