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La Nouvelle banque de développement des BRICS : un outil économique et politique

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Annoncée en 2014, lors du sommet annuel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) à Fortaleza, la Nouvelle banque de développement a vu le jour l’année dernière lors du sommet d’Oufa en Russie. Installée à Shanghai, elle se présente comme une alternative à la Banque mondiale et au FMI, tout deux basés à Washington.

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Le logo du sommet annuel des BRICS à Oufa (Russie) en 2015

Ces deux dernières institutions sont critiquées pour leur incapacité à prendre en compte la montée des pays émergents et sont accusées de jouer le jeu de l’économie américaine. Ainsi, la Chine, pourtant seconde économie mondiale, ne disposait que de 4% des droits de vote au FMI, tandis que l’Italie en détenait 3,31% et la France 4,5%. Ces chiffres datent de juillet 2015, au moment où s’est ouverte la NDB : «New Development Bank », selon son sigle anglais. Heureux hasard ou calcul politique du FMI, en 2016 la part du droit de vote chinois a été augmentée à plus de 6%, sans pour autant faire réagir Pékin.

La banque des BRICS est dotée d’un capital estimé à 100 milliards de dollars et a pour finalité de financer des projets d’intérêt général dans les pays demandeurs. Ces projets concernent notamment les infrastructures (routes, télécommunications, équipements pour l’éducation et la santé, etc.) qui font défaut aux pays émergents, qu’il s’agisse de BRICS ou non. La Russie voit dans cette nouvelle banque un recours aux sanctions héritées de la crise ukrainienne ainsi que la possibilité de contourner les institutions citées auparavant. Il s’agit également pour Moscou d’un outil géopolitique pour exprimer sa vision multipolaire du monde.

En parallèle, un fonds de réserve de change commun de 100 milliards de dollars a été créé. La Chine se place comme le grand leader de ce projet, y contribuant à hauteur de 41 milliards de dollars, comparé aux 18 milliards du Brésil, de l’Inde ou de la Russie, et aux cinq milliards de l’Afrique du sud. L’objectif du fonds de réserve est de permettre à certains pays de mieux gérer les périodes de fluctuations financières fortes auxquelles ont été particulièrement confrontés les pays émergents ces dernières années.

Ce nouveau bailleur de fonds multilatéral a mis en place au milieu du mois d’avril 2016 une première liste de prêts d’un total de 811 millions de dollars pour des projets liés aux énergies renouvelables dans l’ensemble des BRICS, exceptée la Russie. Pour rappel ce « club politique » de cinq états représente aujourd’hui 40% de la population mondiale et 20% du PIB mondial. Un groupe qui a vocation à grandir dans la mesure où plusieurs pays ont exprimé leur intérêt pour le projet. C’est le cas du Mexique, de la Corée du sud, de la Turquie, de l’Iran ou de l’Argentine, une décision que ces pays devront assumer aussi bien économiquement que politiquement.

Infographie BRICS

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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