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Le Sahara occidental : un conflit sans fin ?

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La question du Sahara occidental revient sur le devant de la scène, après que le gouvernement du Maroc a annoncé qu’il retirait sa confiance au représentant de l’ONU dépêché sur place. Les Marocains n’ont visiblement  pas apprécié le dernier rapport  remis aux Nations Unis.

Jeudi dernier, Christopher Ross, émissaire  des Nations Unis pour le Sahara occidental, s’est vu accusé par Mohammed VI de mener un travail « partial et déséquilibré », notamment dans le dernier rapport sur la situation de la région qu’il avait remis à l’ONU. Celui-ci mettait en lumière des agissements déloyaux de l’armée marocaine, qui tenterait de contrôler les actions des casques bleus présents sur place,  voire de limiter leur accès aux populations. Il concluait en conseillant de maintenir les troupes onusiennes jusqu’en 2013 et la mise en place d’un référendum sur l’autodétermination de la région (mission Minurso). Les faits ont immédiatement été réfutés par les autorités marocaines, tandis que l’Algérie, soutien de longue date du Front Polisario et surtout prompte à critiquer la politique de son voisin, faisait l’éloge du travail onusien. La France, par la voix du porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, s’est empressée d’affirmer qu’elle prenait note de la situation, tout en exhortant à une résolution rapide du différend.

Le Sahara occidental est en effet  en proie à un conflit latent depuis une quarantaine d’années, entrecoupé de crises épisodiques. La région, aujourd’hui toujours désignée par le terme « Sahara espagnol » était jusqu’à la mort de Franco une colonie espagnole. L’arrivée de la démocratie en Espagne a précipité la décolonisation de la région, qui n’a pu jouir longtemps de son autonomie, puisqu’elle a été aussitôt annexée par le Maroc de Hassan II. Occupée par le  Maroc depuis lors, mais sans statut juridique clair, la région est « un territoire non-autonome » selon l’ONU. Le Front Polisario, mouvement indépendantiste qui a proclamé en 1976 la République arabe sahraouie démocratique, contrôle aujourd’hui 20% du territoire. Le  reste est sous domination du Maroc, qui a érigé entre 1980 et 1987 un mur militarisé séparant les deux zones d’influence.

Les luttes de pouvoir qui s’exercent ici dépassent de loin le seul cadre du Sahara Occidental, elles sont révélatrices des rapports de force qui s’exercent au Maghreb entre l’Algérie et le Maroc.

Abandonner le Sahara occidental serait vu au Maroc comme une preuve de faiblesse face au voisin algérien.  Dès lors, le statu quo risque de rester la seule solution envisageable dans l’état actuel des choses.

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