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L’anti-américanisme renaissant du monde arabe

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Il n’aura fallu que quelques mois pour se rendre compte que les nouveaux dirigeants du monde arabe (ainsi que les peuples) souhaitent rompre avec l’occidentalisme qui avait prévalu sous la direction des rais déchus. Jusqu’où cela peut-il aller ?

La mort, lundi, de l’ambassadeur américain en Libye, au début pensée comme la réponse des peuples contre le film Innocence of Muslims, aurait été perpétrée par Al-Qaida, en réplique à l’assassinat de son numéro 2 en juin dernier au Pakistan. Mise à part cette attaque, la majorité des pays arabes a connu de vastes émeutes cette semaine, en réplique à la sortie de ce film, ouvertement anti-islam, ce qui a exacerbé, fort logiquement, le mécontentement des populations de la région. Bien que l’administration Obama ait (plutôt mollement) condamné le film (les Républicains, quant à eux, accordant quasiment un blanc-seing à ce film), les intérêts américains ont été visés un peu partout, jusqu’en France.

Résultat, les chancelleries occidentales (et particulièrement américaines) se vident dans la région (Soudan, Tunisie), par crainte d’attentats, en attendant probablement que les esprits cessent de s’échauffer. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit, une nouvelle fois, d’une offense portée par quelques intérêts occidentaux contre la religion musulmane. Après Les Versets sataniques de S. Rushdie et les caricatures de Mahomet, l’éternel débat opposant le droit à la liberté d’opinion (credo occidental presqu’inconnu dans les autres civilisations) au respect des religions refait surface. Mais dans un contexte autrement plus tendu que lorsque les systèmes politiques étaient autrefois cadenassés dans le monde arabe.

Il ne manque qu’un casus belli pour que la région ne s’embrase véritablement

La question à se poser est donc bien de savoir jusqu’où cette escalade de la violence peut aller. Le nouveau monde arabe est à ce point instable qu’il suffit de très peu de choses pour pousser à nouveau les citoyens à manifester, pour quelque raison que ce soit. Les gouvernements élus, souvent peu représentatifs des réelles opinions exprimées par le peuple, ont la lourde tâche de satisfaire les demandes des peuples (la probabilité de renversement des gouvernements est loin d’être négligeable) tout en maintenant des bons rapports avec les grandes puissances.

Il est très probable que l’avenir de l’opposition irano-occidentale sera déterminant pour mesurer l’existence réelle et le poids de l’anti-américanisme dans la région. Car si certains gouvernements arabes ne veulent pas d’un Iran ayant la bombe, nul doute que leurs peuples ne souhaitent pas non plus une nouvelle ingérence dans la région…

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