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Qatar et Emirats Arabes Unis : vers une croissance durable ?

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S’il y a bien deux Etats sur cette planète dont les transformations récentes, tant spatiales, sociales qu’économiques ont été historiques, il s’agit bien des Emirats Arabes Unis (EAU) et du Qatar. Deux pays que l’on a parfois trop tendance à vouloir rapprocher…

Les EAU et le Qatar se sont construits à partir de rien. Il y a encore un demi-siècle, ils étaient majoritairement constitués par des villages de pêcheurs, vivant bien à l’ombre du puissant voisin saoudien. Leur indépendance, au début des années 1970, leur confère un statut d’Etat, mais c’est avec les premières exploitations d’hydrocarbures que leur richesse devient bien réelle.

Néanmoins, leur entrée sur la scène internationale n’intervient vraiment qu’une quarantaine d’années plus tard. Et de là découle également leurs énormes différences de style.

Les deux pays ont des modèles de croissance similaires, entièrement basés sur la richesse de leur sous-sol, et sur l’impératif de diversification. Mais c’est dans l’exploitation des recettes qu’un schisme apparait. Certes, les deux ont l’énorme avantage (contrairement au voisin saoudien) d’avoir une population de quelques centaines de milliers d’habitants. Il est donc évident qu’assurer le développement d’une si faible population apparaît simple, compte tenu de la manne financière détenue par ces deux Etats. Mais quand Dubaï a choisi l’immobilier, la finance et le tourisme comme voies de diversification, le Qatar lui a préféré l’éducation, la culture et le sport.

Un « modèle émirati » ?

Les deux sont à la recherche de renommée internationale. Les EAU l’obtiennent à grands coups de projets clinquants (The Palm, la tour Burj, etc.), le Qatar par une présence remarquée sur la scène diplomatique. L’organisation de deux grandes conférences le mois dernier (sur le changement climatique, et sur le sport) démontre que Doha cherche à ne pas être qu’un simple point sur la planète. Le soft power émirati, c’est aussi faire fructifier l’argent du pétrole à grands coups de rachats retentissants en Occident, mais également vouloir être l’ami de tous les peuples arabes à l’heure de la plus grande mutation de ce dernier siècle dans la région.

Dans les deux cas, une même question se pose : y’a-t-il une véritable stratégie derrière ce qui est trop souvent pensé comme un développement exponentiel mais éphémère ? La réponse est oui. Il s’agit d’une stratégie mêlant habilement nationalisme et mondialisation, respect des traditions culturelles et religieuses et modernité occidentale. Une stratégie surprenante, car unique en son genre. Serait-ce pour autant une stratégie payante ? Difficile à dire pour l’instant, car les défis ne manquent pas. Entre assurer la paix sociale malgré une mixité hors du commun (populations locales, riches expatriés occidentaux et petites mains asiatiques), réussir une diversification économique et vivre dans l’une des régions les plus instables au monde, les risques internes et externes peuvent faire du Qatar et des Emirats un nouveau Babylone en un instant !

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