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Bahreïn : le sport otage du politique ?

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Tunisie, Egypte, Libye, Syrie. Voilà à quoi se résume, pour la plupart des gens, les foyers des mouvements dans le monde arabe depuis deux ans. Cependant, épisodiquement, le royaume de Bahreïn démontre qu’un certain nombre d’Etats de la région sont toujours sujets à des tensions politiques.

Pour une opposition politique insuffisante en nombre et en influence, quoi de mieux que d’utiliser la médiatisation d’un événement tel qu’un Grand Prix de Formule 1 (troisième événement sportif mondial en termes d’audience, derrière les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de football) pour rappeler à la face du monde le combat qu’elle mène depuis bientôt deux ans. Après une édition 2012 artificiellement calme (à coups de grands renforts policiers), l’édition 2013 a été émaillée de quelques incidents, insuffisants pour réellement inquiéter le petit monde de la F1.

La stratégie des dirigeants de Bahreïn, pays à majorité chiite mais gouverné par des sunnites, a changé d’une année sur l’autre. Peu de personnes avaient été sensibles l’an dernier à l’argumentaire du pouvoir en place, prétextant que tout allait bien, un an quasiment jour pour jour après le début de révoltes sanglantes. Le slogan scandé par le pouvoir à l’époque, « UniF1ed », démontrait une nouvelle fois les effets pathétiques de l’utilisation d’une communication politique déconnectée d’une réalité toute autre. Cette année, loin de nier les oppositions criantes entre les deux branches religieuses, le pouvoir en place a utilisé l’événement comme un moyen de prôner l’apaisement. Sans faire oublier, cependant, la réalité des faits.

Bahreïn, un cas compliqué

Il n’est plus aujourd’hui question de se demander pourquoi les révoltes dans tel pays ont été plus médiatisées que dans d’autres. En 2013, deux ans après le début des plus grandes mutations ressenties dans le monde arabo-musulman depuis son émancipation, l’heure est à la recherche de l’apaisement, à coups de réformes politiques plus ou moins vides de sens. Dans le cas bahreïni, les mouvements d’opposition sont apparus bien trop disparates pour renverser le pouvoir en place, bien soutenu par une cohorte d’alliés de la région et de l’Occident. Ils apparaissent aujourd’hui bien plus modérés, guidés désormais non plus par la volonté de destituer la monarchie, mais de parvenir à l’élection d’un nouveau gouvernement.

Contrairement aux deux précédentes éditions (celle de 2011 ayant ainsi été annulée), la tenue de l’édition 2013 de ce Grand prix n’a fait l’objet d’aucun écho dans le monde de la F1. Tout le monde, ou presque, a fait abstraction des querelles politiques existantes. Non pas en guise de renoncement, mais bien parce que tout ne doit pas s’arrêter au simple prétexte de l’existence de fortes oppositions politiques. Et ce, alors même que la F1 est l’un de ces sports-business où les intérêts économiques prévalent sur tout le reste.

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