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Le chemin de Damas passera par Moscou

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Depuis maintenant de très nombreux mois, les puissances occidentales et leurs alliés du Golfe ont beaucoup fait pour pousser Bachar Al-Assad à un départ forcé. Désormais, alors que celui-ci demeure toujours aussi bien en place, il semble que la Russie soit désormais le pivot de l’avenir syrien.

Alors que la situation sur place dépasse le stade-même de chaos, il est évident qu’un conflit tel que celui que nous vivons actuellement en Syrie devait voir les grandes puissances se déchirer. Beaucoup crient au retour d’une guerre froide, en raison de la formation de deux camps, de deux thèses liées à la résolution du conflit. L’une, anti Al-Assad, exige son départ comme prélude à la reconstruction du pays. L’autre, beaucoup plus perverse, demande l’arrêt de la guerre tout en armant ouvertement les forces pro-gouvernementales. La première est défendue par les Etats-Unis, la dernière par les Russes. Pourtant, cela ne suffit clairement pas à défendre des raccourcis historiques de ce genre.

Les Occidentaux s’étaient entendus sur une chose : dès qu’Al-Assad franchirait le Rubicon de l’excès, à savoir utiliser des armes chimiques contre son propre peuple, ils interviendraient. Or, ceci désormais quasiment acté, l’hypothèse d’une intervention est de plus en plus improbable. A quoi est due cette énième reculade ? Premièrement, une intervention n’est souhaitée que par une minorité en Occident. Deuxièmement, les divers chefs d’Etat sont empêtrés dans des situations différentes mais toutes fort difficiles (économiquement en Europe, politiquement aux Etats-Unis –affaire PRISM, le Watergate d’Obama ?-). Enfin (et surtout ?), car la Russie vient ou va livrer des missiles antinavires et anti-aérien au régime syrien, ceci s’ajoutant à l’armada de spécialistes russes conseillant le Président Al-Assad. Ce dispositif, longtemps officieux et désormais connu de tous, constitue un moyen de dissuasion plus qu’évident.

Moscou a pris les Occidentaux à leur propre jeu

Au début, tous faisaient la sourde oreille aux propositions de médiation exprimées par les Russes. Tous pensaient qu’Al-Assad tomberait, au nom de la défense des droits de l’homme. Mais maintenant, à force de ne pas avoir voulu voir la vérité en face, les Occidentaux ont le choix entre la peste et le choléra : tout faire pour mettre fin au régime actuel et satisfaire l’armada de sunnites djihadistes en lutte contre lui ou maintenir la situation actuelle, ravissant l’Iran et le Hezbollah libanais. D’où, désormais l’appel à la médiation russe, qui a cependant toutes les chances de privilégier la seconde solution.

En pratique, rien ne changera réellement avant la conférence de Genève, prévue dans les prochaines semaines. Ce délai sera probablement rallongé, car les Occidentaux, dépassés par l’ampleur du mouvement djihadiste, voudront d’abord avoir à faire à une opposition à peu près unie avant d’engager quoi que ce soit.  Pendant ce temps, les Russes vont obtenir ce qu’ils n’auraient jamais pensé obtenir il y a encore quelques mois : maintenir le régime actuel, étendre leur influence dans la région et voir leur voix enfin entendue, après s’être faits piéger sur le cas libyen.

Occident 1 – 1 Russie. Balle au centre.

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