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Une nouvelle donne pour le dossier nucléaire iranien ?

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Ce lundi 23 septembre, Hassan Rouhani s’est envolé pour New-York afin de prendre part aux discussions de l’Assemblée Générale des Nations Unies, assemblée qui évoquera à coup sûr la question du nucléaire iranien. Le président iranien se rendra ensuite vendredi 27 septembre à Vienne pour une reprise des négociations avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Ces nouveaux échanges sur le sujet s’annoncent-ils comme un nouvel acte sans lendemain ?

L’élection le 14 juin dernier du candidat Hassan Rohani avait largement surpris les observateurs occidentaux, à la fois par son déroulement sans incidents majeurs et par son issue. L’arrivée au pouvoir de M. Rohani, considéré comme beaucoup plus modéré que le président sortant Mahmoud Ahmadinejad avait ravivé les espoirs occidentaux quant à la reprise des pourparlers concernant le dossier nucléaire iranien. Dans un communiqué du vendredi 20 septembre, M. Rohani a cherché à rassurer les pays du groupe des 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie), en leur assurant qu’il était favorable à la reprise des négociations, et que l’Iran poursuivait encore aujourd’hui un programme nucléaire uniquement tourné vers l’usage civil.

Véritable engagement ou simple habileté rhétorique de la part de M. Rohani ? Peut-on réellement attendre quelque chose de ces prochains jours ?

Premièrement, il faut bien se rappeler que le président iranien n’a jamais le dernier mot sur de nombreuses questions de politique intérieure (nucléaire compris). En effet, dans l’éventualité même où M. Rohani consentirait à répondre favorablement aux demandes des Occidentaux (notamment beaucoup plus de transparence dans les finalités du programme nucléaire iranien), c’est le Guide Suprême Ali Khamenei qui aura le dernier mot. Ce dernier, en fonction depuis près de 25 ans, a toujours montré les signes d’une politique très rigoriste, inflexible et est profondément attaché à la souveraineté étatique de la république islamique. Il est difficile de l’imaginer changer subitement de bord, et accepter les revendications occidentales. De plus, l’Iran possède aujourd’hui une marge de manœuvre qui n’existait pas du temps de la présidence de M. Ahmadinejad. Les menaces d’attaque en provenance des Etats-Unis ou d’Israël sont de moins en moins crédibles, les Etats-Unis voulant à tout prix éviter d’embraser la région. Le grand retour de la Russie dans la région (comme force d’opposition à l’Occident dans le conflit syrien), sa volonté d’élargir son cercle d’alliés (principalement réduit aujourd’hui à la Syrie), freine drastiquement les ardeurs américaines. Enfin, Hassan Rohani est loin d’être un piètre négociateur et, proche du pouvoir depuis près de trente ans, il est tout à fait probable que ses beaux discours, qui contrastent étonnamment avec la véhémence de Mahmoud Ahmadinejad, ne soient que poudre aux yeux.

Entouré de toutes parts de puissances nucléaires militaires (Russie, Inde, Pakistan et Israël), l’Iran rêve toujours de recouvrer la puissance et l’influence que la Perse avait jadis sur le Moyen-Orient. M. Rohani se rend-il à New-York dans l’intention de sortir l’Iran de ce sentiment de faiblesse ? La république islamique est-elle, comme le craignent certains, sur le point de mettre au point l’arme atomique ? Une chose est sûre, les prochains jours seront déterminants pour connaître enfin les véritables intentions du nouveau président dans le domaine.

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