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Audience de Charles Blé Goudé devant la CPI: nouveau coup d’éclat de la justice pénale internationale ?

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Charles Blé Goudé, ancien bras-droit de l'ancien président Laurent Gbagbo, pourrait faire l'objet d'un procès devant la Cour pénale internationale.
Charles Blé Goudé, ancien bras-droit de l’ancien président Laurent Gbagbo, pourrait faire l’objet d’un procès devant la Cour pénale internationale.

Trois ans après les violences qui ont secoué la Côte d’Ivoire, le bras-droit de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a été entendu par les juges de la Cour pénale internationale, dans le cadre d’une audience de confirmation des charges pour crimes contre l’Humanité. Ce rebondissement pose à nouveau la question de l’efficacité de la justice internationale, dont la légitimité est parfois remise en cause.

Une première étape en faveur de la justice en Côte d’Ivoire

Avancée dès 1872 par le Suisse Gustave Moynier et concrétisée en 1945 par la création du Tribunal de Nuremberg pour juger des horreurs commises par les puissances de « l’Axe du mal », l’idée d’une justice internationale a été consacrée définitivement, en 1998 par la création de la Cour pénale internationale.

Après une première condamnation à l’encontre de l’ancien chef de milice congolais Thomas Lubanga, pour crime de guerre en République démocratique du Congo et plusieurs enquêtes, l’institution s’est récemment penchée sur le cas de Charles Blé Goudé, bras-droit de l’ancien président Laurent Gbagbo, accusé d’avoir commandité des meurtres, viols et actes de torture dans le cadre des violences qui ont secoué le pays entre décembre 2010 et avril 2011.

Arrêté en janvier 2013 au Ghana, l’ancien chef des « Jeunes patriotes » aurait encouragé cette milice à commettre des exactions dans le pays. A la suite de cette audience qui s’est terminée vendredi 3 octobre, les juges ont 2 mois pour décider de l’ouverture ou non d’un procès. Dans le cas d’une réponse positive, M. Blé Goudé rejoindra Laurent Gbagbo sur le banc des accusés, dont la date de l’instance n’est pas encore fixée.

Une légitimité parfois contestée par la communauté internationale

Cependant, la tenue éventuelle d’un tel procès viendra étayer la thèse de détracteurs de cette institution. En effet, si son action est largement considérée comme une avancée considérable en matière de droits de l’Homme, des critiques s’élèvent depuis sa création pour en soulever le manque d’indépendance. A l’heure actuelle, plus de 70 Etats n’ont pas ratifié son statut, à l’instar de la Chine, des Etats-Unis, ou encore d’Israël, ce qui en ferait, selon le professeur Julian Fernandez, une institution « prisonnière de son absence de légitimité universelle ».

Par ailleurs, son originalité réside dans la mise en œuvre de sanctions individuelles, qui auraient, selon son président, M. San Hyun Song, une force dissuasive. Selon lui, « l’important de la mission n’est pas de punir mais de prévenir ». Or, la multiplication des conflits internes et la situation internationale actuelle ne semblent pas permettre de confirmer une diminution sensible des violations commises par des dirigeants politiques. Mais la critique la plus clivante réside dans les zones géographiques visées par les poursuites. Depuis sa création, son action n’a concerné que des dirigeants africains, dont ceux du Kenya, du Soudan, de la République centrafricaine, ou encore de l’Ouganda.

L’éventuelle condamnation de M. Gbagbo et M. Blé Goudé, si elle s’avérait légitime au regard du droit international, risquerait ainsi d’attiser les critiques de certains pays en voie de développement, qui accusent déjà la Cour de pratiquer un certain impérialisme en la matière.

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