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Le solaire au pays de l’or noir : perspectives de développement du photovoltaïque en Iran

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Dans le domaine énergétique, l’Iran se distingue par ses colossales réserves en hydrocarbures. Le pays renferme en effet de véritables trésors géologiques à savoir : les 2ème réserves prouvées mondiales de gaz et les 4ème réserves prouvées mondiales de pétrole. Avec l’accord du 14 juillet 2015 sur le nucléaire iranien, et du fait d’une levée (d’une partie) des sanctions, ces deux secteurs sont d’ailleurs promis à une forte croissante. Cependant, il existe une autre source d’énergie qui n’a pas attendu la levée des sanctions pour faire son boom en Iran : le photovoltaïque.

Un engouement croissant pour le solaire chez les futurs ingénieurs iraniens : Havin-2, une voiture solaire construite par des étudiants iraniens participa le 14 juillet 2014 à l'«American solar challenge», une course de 2700 km à travers sept États américains entre Austin et Minneapolis.
Un engouement croissant pour le solaire chez les futurs ingénieurs iraniens : Havin-2, une voiture solaire construite par des étudiants iraniens participa le 14 juillet 2014 à l’«American solar challenge», une course de 2700 km à travers sept États américains entre Austin et Minneapolis.

Etat des lieux du développement du photovoltaïque en Iran

L’Iran dispose de nombreuses aménités naturelles qui en font un espace propice aux investissements dans l’énergie solaire. En effet, le pays, vaste de 1 648 195 km2 profite de 300 jours d’ensoleillement par an sur 90% de son territoire avec près de 2200 kW-h de radiation par m2 estimé.

Les fermes photovoltaïques iraniennes existantes sont situées à Shiraz, Semnan, Teleghan, Yazd, Téhéran et Khorasan. La première construite fut celle de Shiraz, dans le sud ouest du pays, en 2008. Actuellement, la plus grande centrale solaire iranienne est en construction dans la zone franche d’Aras (province iranienne d’Azerbaïdjan oriental). Elle s’étendra sur plus de 3 400 mètres carrés pour un investissement de plus de $22 millions.

En 2012, le gouvernement iranien prévoyait de produire 530 MW d’électricité via ses centrales solaires. À l’horizon 2018, l’Iran compte multiplier par dix cet objectif pour atteindre 5000 MW. À noter que les prévisions tablent sur une hausse de 5GW/an de la demande en électricité dans le pays.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, le gouvernement accroit les budgets dédiés au renouvelable. En 2014, le gouvernement iranien investit 50 millions d’euros dans le développement des capacités photovoltaïques du pays contre 10 millions en 2013. Il encourage également, via des subventions, les investissements dans le photovoltaïque aussi bien pour les industriels que pour les particuliers. Un plan de subventions sur cinq ans a été introduit en 2014 et subventionne à hauteur de 4,442.00 Rials (ou $0.15 cents) chaque kWh produit via des sources d’énergies renouvelables. Près d’un million de panneaux auraient déjà été posés sur des bâtiments publics, des mosquées et sur les toits de particuliers.

Investir dans le solaire au pays des hydrocarbures : un paradoxe ?

Dans un premier temps, le secteur du solaire n’a pas connu de forts ralentissements en Iran du fait des sanctions internationales. Ainsi, le pays dispose d’expérience en la matière et a développé depuis longtemps un réseau d’entreprises locales spécialisées dans le domaine, se fournissant à bas coût en Chine. Il existe d’ailleurs depuis quelques années un engouement autour des énergies renouvelables, en Iran, pays disposant d’ingénieurs hautement qualifiés. En 2014, 19 étudiants d’une université de province avaient aligné lors d’un concours international une voiture alimentée à l’énergie solaire tandis qu’en début d’année 2015, l’Iran a dévoilé son premier bâtiment uniquement approvisionné en énergie solaire.

Le développement du solaire en Iran recouvre également des enjeux écologiques. En effet, près de 92% de l’électricité produite en 2013 était issue de sources d’énergies fossiles. Et ce, alors que la pollution devient une problématique majeure en Iran. Par exemple, le président de la « commission santé et environnement » du conseil municipal de Téhéran reconnaissait en janvier 2015 que 4 600 morts (en 2014) étaient liées à la pollution atmosphérique dans la seule ville de Téhéran. Un autre argument des « pros solaire » en Iran est que le développement de cette source d’énergie, au détriment des hydrocarbures et du nucléaire, réduit le risque de catastrophes écologiques dans une région particulièrement sismique.

Enfin, le développement du solaire est un vecteur d’intégration des zones rurales. En effet, la politique d’électrification des zones rurales enclavées n’a débuté qu’en 2006. Ainsi, des panneaux photovoltaïques furent installés pour alimenter certaines zones particulièrement éloignées des réseaux électriques.

En conclusion …

Le développent du photovoltaïque au pays de l’or noir a donc de beaux jours devant lui. Il en est, d’ailleurs, de même pour les autres sources d’énergies renouvelables. Son développement devrait être boosté par le récent accord sur le nucléaire qui encourage de nouvelles entreprises étrangères à investir le marché iranien.

De plus, le développement du solaire pourrait être, en terme de politique extérieure et de « soft power », une carte à jouer pour le gouvernement Rohani afin d’apparaître comme exemple dans la promotion des énergies renouvelables dans la région et de détourner progressivement l’attention médiatique du programme nucléaire civil iranien.

Infographie Iran

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