Proche et Moyen-Orient

Elections législatives égyptiennes : les Moubarak véritablement confortés ?

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La campagne pour les présidentielles s’est ouverte. Où ça ? En Egypte, pour l’élection de l’année prochaine. Et ce que l’on peut dire, d’après les résultats des législatives de dimanche, c’est que le président actuel (et depuis 1981 !), Hosni Moubarak, et son Parti National Démocratique, apparait « conforté »  avec 96% des votes, selon les premiers résultats. Un plébiscite ! Mais c’est surtout l’opposition qui chute, notamment les Frères Musulmans.

L’opposition égyptienne s’est alors empressée de condamner les fraudes massives recensées dimanche, tout comme bon nombre de pays étrangers. Est-ce à dire que la voie est libre pour le successeur annoncé de M. Moubarak, qui n’est autre que son fils Gamal ? Cela est fort possible. Bon nombre de pays avaient souhaité la démocratisation du pays, de même que le Prix Nobel égyptien Mohamed El-Baradei. Mais les dernières semaines ont démontré tout le contraire, avec des vagues d’arrestations d’opposants, notamment des Frères Musulmans. Ce mouvement, qui avait obtenu de bons résultats lors des précédentes élections de 2005 avec 88 sièges (c’était alors la pression américaine pour la démocratisation du pays qui avait obligé Moubarak à « desserrer » la vis du pouvoir), reste pour beaucoup un mouvement islamiste.

Pourtant, le pouvoir de Moubarak avait paru aux abois ces derniers temps. Cela était en partie dû aux problèmes de santé du Président, et au regain de vigueur de l’opposition (guidée par El-Baradei), qui semblait unie pour mettre fin au pouvoir de Moubarak. Mais l’approche des élections a fait éclater cette unité, chaque parti présentant finalement son propre candidat. Voilà pourquoi l’opposition a rendu la tâche plus facile à Moubarak. L’appel au boycott de ces élections n’a pas été entendu, à cause, en partie, du contrôle exercé par le pouvoir sur les moyens de communication modernes (voire la non-utilisation de ceux-ci par l’opposition !). Et on peut même s’interroger sur un « retard » égyptien : l’exemple iranien n’a semble-t-il pas influencé grandement l’opposition égyptienne, tant on se rappelle l’utilisation faite par les partisans de M. Moussavi d’Internet et autres réseaux modernes.

Cependant, peut-on vraiment affirmer que l’Egypte est prête pour la démocratisation ? Certainement pas. Les mouvements les plus radicaux (dont les Frères, dont le mouvement est toujours banni) font peur à une bonne partie des masses, craignant un chaos national, dû à l’introduction d’un islamisme radical comme religion nationale.  La propagande du PND avait donc un slogan tout trouvé : « c’est le PND ou ces islamistes ». Et à vrai dire, l’effet est évident sur la population, puisque celle-ci cherche manifestement, à travers ces votes, la stabilité. Reste que le défi de la pauvreté domine encore en Egypte, et cela personne ne pourra le nier.

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