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Côte d’Ivoire, la tension augmente sur fond de guerre de l’information et de médiation faible. Un point sur la situation :

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« Le président de la République de Côte d’Ivoire vient de demander le départ immédiat du territoire ivoirien de l’Onuci et des forces françaises qui la soutiennent ». Telle a été la déclaration du porte-parole du gouvernement Gbagbo à la télévision d’Etat le 18 décembre. Laurent Gbagbo et ses partisans cherchent à faire monter la pression après la tentative avortée de prise de contrôle de la télévision d’Etat par les partisans d’Alassane Ouattara le 16.

Dans ce climat, le soutien de Ouattara par la diplomatie internationale n’est peut-être pas un avantage. En effet, Gbagbo s’est toujours présenté en nationaliste et la situation actuelle lui permet, une fois de plus, de crier au complot néo-colonial. Selon le communiqué, « le gouvernement ivoirien considère que l’Onuci a largement failli à sa mission en posant des actes qui ne sont pas conformes à son mandat [d’impartialité] ». Gbagbo joue, de plus, au maximum sur la peur du Nord musulman, d’autant plus que le dynamisme de la Côte d’Ivoire a attiré une immigration venant du Sahel et a donc contribué à fortement augmenter la population musulmane du pays, favorable à Ouattara. Néanmoins, il a été désavoué par l’Union africaine, qui lui demande (certes, mollement) d’abandonner son poste, ce qui met en péril sa stratégie de victimisation.

Un médiateur, Thabo Mbeki, ancien président d’Afrique du Sud, a été dépêché par l’Union Africaine pour tenter de calmer la situation. Mais le fait est que lorsque Mbeki avait eu à remplir la même mission en 2005, ses accords étaient restés lettre morte car trop favorables à Gbagbo. Il est donc vraisemblable que cette médiation ne contentera pas les partisans de Ouattara.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a estimé vendredi que le maintien au pouvoir de Gbagbo conduirait à une « parodie de démocratie », mettant en garde contre toute attaque des troupes des Nations unies présentes sur place. Malgré cela, le siège de l’Onuci a essuyé des tirs de la part d’ « hommes armés vêtus de tenues militaires » dans la nuit du 17 au 18 décembre. Les forces de l’Onuci comptent 10 000 hommes auxquels s’ajoutent les 900 soldats français de l’opération Licorne et furent envoyés pour stabiliser le pays lors de son embrasement en 2004. Elles protègent également le siège du gouvernement de Ouattara. Or, la radio de l’Onuci, Onuci-FM, est accusée de s’être « érigée en relais médiatique » des partisans de Ouattara.

Et la guerre de l’information à laquelle se livrent les deux candidats est capitale car elle constitue le seul moyen de faire avancer ses pions sans effusions de sang dans une situation extrêmement tendue. D’ailleurs, la publication de plusieurs journaux pro-Ouattara a été empêchée le 17 décembre par la Garde républicaine de Gbagbo et la marche des pro-Ouattara sur les bureaux de la télévision d’Etat a été violemment réprimée le 16. Toute diffusion des chaines d’informations internationales a été suspendue. Si Gbagbo fait preuve d’une volonté claire de bâillonner toute opposition, pas sûr, cependant, que Ouattara se comportera mieux.

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