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Agir pour la Syrie ? D’accord. Mais qui aider ?

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Des officiels du Pentagone ont annoncé hier qu’avec l’accord du président Obama, un plan préliminaire d’intervention américaine en Syrie avait été réalisé. L’hypothèse d’une intervention militaire américaine reste néanmoins hautement improbable.

On peut distinguer trois raisons principales pour expliquer les hésitations américaines alors que la Syrie s’enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre civile.

Il y a l’opposition de la communauté internationale. Outre les Etats arabes et l’Europe, peu convaincus par cette idée, ce sont la Chine et la Russie qui la rendent impraticable : leur veto au conseil de sécurité induit l’impossibilité d’une intervention avalisée par l’ONU. Outre leur soutien au régime de Bachar El Assad, c’est la peur d’une « jurisprudence Libye » qui guide ces deux pays. En effet, une simple résolution visant à « la défense des populations civiles » a permis une intervention militaire contre le régime de M. Kadhafi. La question pour la Russie et la Chine (qui font face de longue date à des mouvements d’opposition notamment en Tchétchénie ou de la part des Ouïghours) est donc de savoir si ce précédent en droit international peut être réutilisé.

La deuxième raison est assez trivialement logistique : les Etats Unis devraient mener un nouveau conflit en Syrie, alors qu’ils sont toujours présents en Irak et en Afghanistan, que l’appareil militaire américain se recentre sur l’Asie Pacifique et que le Pentagone accuse d’importantes coupes dans son budget.

Enfin, en cas d’intervention, les Etats Unis (ou n’importe quelle autre puissance) ne sauraient pas qui soutenir !

Les services de renseignement américains travaillent d’arrache pied sur le dossier syrien afin d’identifier les composantes de la rébellion, ses leaders, ses moyens, son ampleur et bien entendu ses liens possibles avec Al Qaeda. Le problème est que la CIA ne parvient pas à recueillir une information de première main et à prendre contact avec la rébellion, difficulté encore aggravée par la fermeture de l’ambassade américaine à Damas. Les services américains doivent donc se reposer (avec peu de succès jusqu’ici) sur les réseaux d’espionnage des nations « sunnites » alliées, vieilles ennemies du régime alaouite des El Assad, au premier rang desquelles la Turquie, l’Arabie Saoudite et la Jordanie.

Cet enjeu de renseignement est crucial : au-delà d’une improbable intervention militaire, le flou ambiant est tel qu’il empêche les occidentaux  d’armer la rébellion, car on ne saurait même pas à qui donner des armes.

Pour citer Leon E. Panetta, secrétaire américain à la défense : « Il résulte (de ce manque d’information) une grande colère et une profonde frustration que nous partageons tous ».

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