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La gauche peut-elle arriver pour la première fois au pouvoir au Mexique ?

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Les prochaines élections présidentielles, qui se dérouleront le premier juillet 2018, sont susceptibles de profondément modifier le panorama politique mexicain. Le parti de Andrés Manuel López Obrador (surnomé AMLO), Morena, est en tête des intentions de vote. Les deux autres partis traditionnels, le PRI (le Parti Révolutionnaire Institutionnel) du Président sortant Peña Neto et le PAN (Parti d´Action Nationale), empêtrés dans des affaires de corruptions, peinent à faire décoller leurs campagnes. Néanmoins, la victoire de Morena n’est pas assurée. AMLO cherche ainsi à adopter une posture « présidentiable » en multipliant les alliances et en adoucissant ses positions, ce qui n’est pas sans contrarier la base de son électorat populaire.

Le paysage politique mexicain

La gauche de MORENA en tête des sondages

La république fédérale mexicaine est un régime présidentiel où le président est élu pour un mandat unique de 6 ans lors d’un scrutin à la majorité simple des voix. Le PRI règne pratiquement sans discontinuité sur le pays depuis plus de 70 ans. Le PAN, principal parti d’opposition, orienté à droite, a été porté au pouvoir seulement à deux reprises en 2000 et 2006. Or les scandales de corruption et la gestion clientéliste du pays ont fortement entaché la popularité du PRI et du président sortant, Peña Neto. A tel point que les primaires organisées pour choisir le candidat qui représentera le parti lors des élections fédérales ont adoubé José Antonio Meade, ancien ministre des finances, qui n’avait jusqu’alors jamais milité au sein du PRI. La charte du mouvement politique a même été modifiée pour légaliser son investiture. Ricardo Anaya, le jeune leader du PAN et de la coalition de droite et de centre-gauche « Por Mexico al Frente » est, quant à lui, accusé de blanchiment d´argent. De même, les deux principaux partis mexicain s’accusent respectivement de corruption. Morena (« Ensemble, nous ferons l’histoire ») le parti de la gauche « radicale », profite donc de cet affrontement et dispose à l’heure actuelle d’une solide avance sur ses principaux concurrents.

Une conjecture propice à un vote antisystème

AMLO est devenu l’homme à abattre d’une élection dans laquelle la corruption et l’insécurité représentent les principales préoccupations des mexicains. Cet ancien maire de Mexico, qui s’est déjà présenté à deux reprises, n’a jamais jouit d’une popularité aussi forte et souhaite aujourd’hui faire figure du candidat anti-corruption. Ses positions sont fortement ancrées à gauche. Il soutient une réforme énergétique sans précédent, la renégociation des contrats pour la construction du nouvel aéroport international de Mexico City ou encore l’augmentation des dépenses publiques pour combattre la pauvreté et les inégalités. Il cherche notamment, via cette dernière mesure, à stimuler le marché de la consommation intérieure. Pour mémoire, le Mexique est l’un des pays les plus inégalitaires au monde avec un indice de Gini de 0,49. Le candidat López Obrador envisage également de négocier avec les cartels de drogue et d’amnistier les petits producteurs, en particulier ceux du monde rural. Il est accusé par ses détracteurs de démagogie et d’être le « nouveau Chavez », notamment pour ses positions anti-élitistes contre la « mafia du pouvoir » en place.

Néanmoins, la conjoncture semble particulièrement propice pour AMLO. Le leader de Morena a dernièrement reçu l’appui du plus grand syndicat du pays, le SNTE (Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación), et d’une partie des forces armées. Fort de ce soutien, il souhaite  être reconnu comme un candidat fiable et présidentiable et non plus comme un « gauchiste intransigeant ».  Pour conforter cette position, il tente d’adoucir ses postures et de rassurer les investisseurs. Il s’est dernièrement entouré de personnalités reconnues dans le monde de la finance et des investissements. Il multiplie les alliances afin de rassurer les électeurs les plus modérés et d’augmenter sa base électorale. Il s’est ainsi dernièrement associé avec le PSE (Parti de la rencontre sociale), un parti proche des milieux religieux et traditionnellement positionné au centre droit. Un quart des députés qui postuleront pour les élections législatives fédérales appartiennent à cette mouvance proche des églises catholiques réactionnaires. Cette alliance a provoqué des remous au sein de Morena, notamment dans les petites formations de gauches qui contestent les manœuvres d’AMLO. Cette élection s’annonce des plus incertaines et pourrait bien modifier radicalement le destin des mexicains.

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