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Les îles Senkaku/Diaoyu avivent les tensions sino-japonaises

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On savait qu’il fallait contrôler la terre pour maîtriser la mer. Aujourd’hui, on sait qu’il faut contrôler le ciel pour s’accaparer une mer. A l’interprétation du droit international, la géopolitique oppose la situation de fait : maîtrise un territoire et une mer qui contrôle les entrées et sorties de la zone. C’est en tout cas la conception de la Chine dans le conflit qui l’oppose au Japon sur les îles Senkaku/Diaoyu, îlots de mer de Chine revendiqués par les deux pays depuis 1970 !

Aujourd’hui, la situation s’envenime à l’heure d’une revalorisation des territoires dans une globalisation du chacun pour soi. Les îles Senkaku/Diaoyu représentent un enjeu stratégique pour les deux acteurs en quête d’un hegemon régional à la fois économique pour les richesses halieutiques des fonds marins et les potentielles ressources en hydrocarbures mais aussi géographique puisque le contrôle de ces îles donne l’autorité sur une vaste zone maritime aux larges des côtes des deux géants où transitent des milliers de cargos chaque jour. En 2012, le Japon avait envoyé des activistes planter un drapeau sur l’île Uotsuri, principal îlot de l’archipel revendiqué. En réponse, des bateaux de guerre chinois avaient jeté l’ancre dans la mer contestée. La Chine a déclaré, unilatéralement, une zone de contrôle aérien sur cette mer : tout appareil désirant voler au-dessus de la mer doit demander l’autorisation à Pékin. Le territoire devient de fait chinois. Les USA, le Japon et la Corée du Sud ont désobéi aux ordres pour tester la vigueur du discours pékinois : sans réaction, pour l’instant.

Quels sont les risques aujourd’hui ? Sans pouvoir l’écarter définitivement, le conflit militaire paraît bien loin. En revanche, les menaces de rétorsion financière peuvent accoucher d’une situation de guerre économique entre deux géants asiatiques en quête de leadership dans une région dynamique : avant d’être une puissance mondiale, le Japon et la Chine doivent maîtriser leur « hinterland » et devenir des puissances régionales ! D’où les tensions pulsatiles renouvelées entre deux mastodontes complémentaires.

Enfin, trois variables donnent une autre mesure au conflit actuel :

1)      Deux nationalismes s’affrontent dans une escalade de violence. Drapeaux brûlés, critiques des programmes scolaires et non-reconnaissance du génocide organisé par Tokyo lors de la Seconde Guerre mondiale forment le mélange nationaliste qui cimente les sociétés de chacun des pays. Shinzo Abe a fait de la renaissance du Japon le cœur de son programme et le parti communiste chinois a substitué à la discrétion confucéenne l’effronterie maoïste depuis bien longtemps.

2)      Dans sa stratégie d’isolement de la Chine (traité transpacifique de libre-échange avec les pays d’Asie du Sud-Est excluant Pékin), les Etats-Unis ont permis la dépréciation du yen pour relancer l’économie japonaise, dans l’unique but de peser contre la Chine.

3)      La Chine a impérativement besoin de maîtriser sa façade maritime pour sécuriser ses approvisionnements et assurer les flux commerciaux entrants sur un marché intérieur en expansion. Le Japon, faute de matières premières et isolé, a besoin d’assurer un contrôle des mers.

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