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Marée noire : la Chine touchée au cœur

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BP n’est pas la seule compagnie à rencontrer des difficultés de sécurité avec les hydrocarbures. La China National Petroleum Corp (CNPC) est elle aussi dans l’eau chaude : le 16 juillet, deux oléoducs servant au déchargement d’un tanker ont explosé dans le port de Dalian, au Nord-Est du pays et inondé la baie de pétrole brut.

La CNPC est le premier producteur pétrolier chinois, et le propriétaire des oléoducs concernés. L’incident aurait eu lieu à cause d’une opération de maintenance qui aurait mal tourné. En effet, la Chine est devenue le premier consommateur de pétrole au monde et la plupart de celui-ci provient du Moyen-Orient. Or ce pétrole est très chargé de souffre, d’où l’utilisation de produits de désulfuration entre chaque tanker pour éviter les incendies et explosions. Et vendredi le produit utilisé était trop fortement oxygéné, faisant passer le risque d’explosion au statut de certitude. Les employés n’ayant pas vérifié le matériel ni respecté les procédures, le mélange a explosé répandant 1500 tonnes de pétrole en mer Jaune.

Le gouvernement annonce que la nappe ferait environ 435 km² mais il serait plus vraisemblable, selon le Shenyang Evening News de mercredi qu’elle soit de 946 km². La Chine a déployé des moyens considérables pour tenter de juguler la fuite en une semaine (comme annoncé) : huit-cents bateaux de pêche, une quarantaine de bateaux de nettoyage, 2000 soldats et des centaines de pêcheurs participent au ramassage. Plus de 23 tonnes de bactéries mangeuses de pétrole ont été déversées. Néanmoins il faudra au moins deux semaines pour contrôler la situation et les dégâts écologiques dureront au moins dix ans, le temps de remonter la chaîne alimentaire… jusqu’à nous. L’Etat manque cruellement de moyens et les citoyens mobilisés nettoie avec leurs mains et n’ont aucune protection. Plusieurs accidents mortels ont d’ailleurs eu lieu lors du ramassage ou du pompage du pétrole.

Les autorités ont lancé une série d’inspections de leurs sites à risques et ont mis en place des plans d’urgence en cas de fuite importante mais CNPC est déjà responsable de nombreux accidents très polluants voire meurtriers comme en 2005 à Jillin avec une explosion d’une usine et une pollution au benzène, ou début 2010 : une explosion dans des réservoirs de la CNPC à Lanzhou avait fait cinq morts. Le site incriminé vendredi appartient aux huit sites pétrochimiques placés en 2006 sur une liste noire de l’agence de protection de l’environnement chinoise, pour la vétusté de leur système de prévention des risques.

La fuite n’est pas aussi grave qu’aux Etats-Unis (1 500 000 contre 352 millions de litres) mais elle est révélatrice de l’archaïsme des structures chinoises notamment en terme de sécurité. La multiplication de ces incidents prouve que la Chine fonctionne à la limite de ses capacités, alors que sa croissance dépend de sa consommation gargantuesque d’énergie, son seul moyen de développement : jeudi, l’oléoduc a repris du service. L’incident de Dalian est parti pour n’être, malheureusement, que le premier d’une longue série.

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