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La Turquie doit-elle entrer dans l’Union Européenne ?

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Le Président français entame aujourd’hui son voyage en Turquie. Le pays, à l’interface entre Europe et Asie, souhaite depuis longtemps rejoindre l’UE. Pour autant, les opposants à son adhésion sont nombreux, d’autant que cette demande soulève la question de l’identité européenne.

Qu’est-ce qui définit l’Europe ? A cette question, Valery Giscard d’Estaing mettait en avant les racines  chrétiennes du Vieux Continent. Si l’on s’en tient à cette délimitation, la Turquie, à majorité musulmane, ne rentrera jamais dans l’UE. Il faut dont croire que tout le monde ne s’accorde pas sur cette définition culturelle de l’Europe. La  géographie ne nous permet pas non plus de trancher : la Turquie, a certes 97% de ses terres en Asie , mais Istanbul, ancienne capitale et cœur économique et culturel du pays, est situé côté européen. Ainsi, la question de l’appartenance future de la Turquie à l’UE se pose, d’autant que le processus d’intégration est relancé. Comme l’a justement rappelé François Hollande avant de s’envoler pour Ankara, cela ne signifie pas qu’il aboutira, mais que la réflexion se poursuit.

Relancer le processus permet aux gouvernements de pousser les Turcs à effectuer des réformes ouvrant la voie à la démocratisation du pays.

La Turquie a obtenu en 1999 le statut de candidat, suite à une candidature déposée en 1987 et a initiée le processus d’intégration en 2005. Après avoir a été stoppé en 2010, il a néanmoins  été relancé en novembre 2013. En décembre, la Turquie a même signé un accord sur l’immigration clandestine, permettant la réintégration des clandestins expulsés par l’un des 28. En contrepartie, les Turcs pourraient bénéficier de la libre circulation dans l’UE d’ici trois ans.

Néanmoins, la Turquie n’entrera certainement pas dans l’UE avant plusieurs années. Ses chances d’y entrer tout court se sont même amenuisées récemment. En effet, l’islamisation progressive du gouvernement ainsi que l’affaiblissement des liens avec le Proche-Orient, qui permettaient à a Turquie de jouer le rôle d’interface entre les pays arabes et européens jouent en sa défaveur.

Par ailleurs, les populations européennes sont clairement opposées à l’adhésion de la Turquie, avec en tête, les Français. Ces derniers sont aujourd’hui à 83% opposés cette adhésion, contre 63% en 2005, au moment du lancement du processus : plus l’échéance se rapproche, plus les opposants sont nombreux. Ceux qui étaient tout juste indifférents au départ réalisent peu à peu le changement potentiel et prennent peur. Par ailleurs, les récents événements au Proche-Orient ainsi que le refus des Turcs d’admettre le génocide arménien ont certainement joué un rôle dans cette désapprobation croissante. En réponse à ces inquiétudes, François Hollande a annoncé dans la journée l’organisation d’un référendum qui permettra aux Français d’avoir le dernier mot quant à l’entrée des Turcs dans l’UE.

Entre  arrêt, reprise, accords à minima et refus catégoriques, le processus d’intégration de la Turquie est lent, cahotique, mais poursuit sa route. La stratégie des gouvernements européens, qui ne veulent ni froisser les turcs, ni leur population, semble clair : poursuivre les négociations pour contenter les Turcs, mais les poursuivre le plus longtemps possible pour favoriser les réformes… et éviter l’adhésion… C’est le chemin qui compte, plus que sa destination.

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