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Faiblesses et défis de l’Empire du Milieu aujourd’hui

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A la fin de l’année 2013, nous esquissions les grands défis de la Chine pour l’année 2014. Six mois plus tard, dressons un rapide état des lieux de la situation économique, sociale et environnementale de la seconde puissance de la planète.

Si les effets de la crise de 2008 avaient principalement été minorés en Chine par la persistance d’investissements étrangers massifs, ils prennent aujourd’hui une toute autre dimension et participent d’un dérèglement structurel du système économique de l’Empire du Milieu. Le modèle chinois, basé sur une stimulation de la demande par l’addition de capacités de production, a certes permis d’amortir la chute de la demande en provenance des investisseurs occidentaux terrassés par la crise. Mais le plan de relance lancé par le gouvernement en 2008 a porté l’endettement du pays à des taux dangereusement élevés (250% du PIB aujourd’hui). Ce plan de relance avait à l’époque stimulé une hausse du crédit sans précédent, des crédits accordés aux entreprises bien sûr, mais également aux consommateurs afin d’encourager le développement d’un marché de consommation. Aujourd’hui, l’endettement chinois atteint 250% du PIB, et si celui-ci reste contrôlable pour la population et le gouvernement chinois, puisque dépendant de capitaux internes, il pose problème pour les entreprises dont l’endettement a littéralement explosé pour représenter aujourd’hui 150% du PIB.

Cet endettement massif des entreprises nuit à leur croissance à la fois externe et interne, alimentant des revendications sociales de plus en plus prises au sérieux par le gouvernement. Le cas de Yue Yuen (principal sous-traitant des chaussures Nike et Adidas) reste le plus représentatif : 30 000 salariés de cette entreprise ont depuis des mois cessé toute activité, revendiquant une augmentation des salaires ainsi qu’une couverture sociale plus développée. De même, la grogne des ouvriers chinois victimes des coups de grisou dans les mines de charbon, désormais très médiatisée, impose aux entreprises la mise en place de règles de sécurité se rapprochant peu ou prou des normes occidentales.

Les revendications des travailleurs chinoises s’inscrivent en réalité dans une mouvance sociale plus large : comme c’est le cas dans les autres grands émergents (Brésil et Inde en tête), c’est par la classe moyenne, en pleine explosion, que les changements s’opèrent. Celle-ci remet de plus en plus en question le système de la République Populaire. Les affaires de corruption éclaboussent depuis peu les hautes sphères politiques et la censure du Web, si elle reste très ancrée (Google est interdit, Wikipedia très souvent bloqué), subit des pressions de plus en plus vivaces de la part de la population (par le biais des réseaux sociaux QQ et Weibo notamment).

Dernièrement, la lutte contre la pollution est au cœur de toutes les attentions. Les grandes villes chinoises, inondées par un smog impénétrable prennent aujourd’hui la mesure de ces années de croissance fondées sur l’énergie fossile. D’abord sporadiquement, puis de façon plus étendue, la Chine a donc développé des solutions alternatives. Le pays est aujourd’hui le premier producteur mondial de solutions photovoltaïques. Mais dans les mentalités chinoises, le charbon reste l’énergie indissociable de « l’atelier du monde » : une cinquantaine de centrales au charbon ouvre chaque année en Chine. Et la position de la Chine, leader du monde émergent et seconde puissance économique mondiale, n’accélère en rien la mise en place de mesures drastiques pourtant urgentes et inévitables.

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