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La Corée crée la surprise au sommet de l’ASEAN

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Les affrontements idéologiques sont traditionnellement moins marqués en Asie qu’ailleurs, en témoigne la souplesse du système marxiste Chinois.

Le sommet de l’ASEAN, qui s’est tenu à Bali le 23 juillet dernier, a été le théâtre d’un véritable numéro de contorsionniste. En effet, devant les sept autres membres de l’association, la Corée du Sud et la Corée du Nord se sont unies pour dénoncer l’attitude du Japon. Un tel événement n’est possible que si l’on comprend le contexte du sommet. L’Asie du Sud-Est est traditionnellement une zone de conflits entre puissances asiatiques, conflits renforcés pars les accords de Montego Bay qui laissent certaines îles disputées par plusieurs nations. Ainsi les îles Spartly et Paracel sont convoitées tant par la Chine que par Taïwan (si l’on ne prend en compte que les revendications du proche voisinage). De même, les îles « Dokdo » (pour les Coréens et « Takeshima » pour les japonais) situées entre le Japon et la Corée sont convoitées par le Japon et la Corée du Sud. Ces îles confettis sont disputées autant pour leur position stratégique que pour les réserves halieutiques et de matières premières qu’elles abritent. Mais leur valeur est aussi historique : leur annexion en 1905 par le Japon a marqué pour les coréens le début de la colonisation par les japonais. Après l’effondrement du Japon en 1945 la question est restée en suspens et la Corée du Sud y maintient depuis 1954 une petite garnison alors que pour le Japon, ces îlots font partie de la préfecture de Shimane.

Le 16 juin dernier, le vol du premier A380 de la Korean Air au-dessus de ces îlots a mis le feu aux poudres, déclenchant des réactions nationalistes au Japon. Quatre parlementaires conservateurs du Parti Libéral Démocrate (PLD) ont annoncé qu’ils se rendraient sur l’île d’Ulleng (l’île coréenne la plus proche des « Dokdo »). Le 20 juillet, une manifestation a été organisée devant l’ambassade du Japon à Séoul et la visite des parlementaires nippons fait débat. Mais le même jour, la Corée du Nord qualifie les élus japonais de « groupe sans scrupule », adoptant la même position que son ennemi de 60 ans. Le sommet de l’ASEAN n’a pas permis de régler la question alors que les deux Corées poursuivent des pourparlers dont elles se sont déclarées satisfaites.

Le fait est que la colonisation de l’Asie Orientale par le Japon a été un tel traumatisme pour les pays concernés que ce précédent historique suffit à surmonter les différences idéologiques et à construire une coalition contre Tokyo. Du pain bénit pour l’opposition conservatrice japonaise qui voit là un moyen de reprendre un pouvoir qu’elle avait su garder depuis 1945 et qu’elle a perdu en 2009, d’autant plus que le gouvernement japonais actuel ne parvient pas à se défaire de la crise. Ce n’est pas la première fois qu’une opposition politique passe au second plan puisque lors de l’élection d’indépendantistes à Taïwan en 2000, la Chine avait protesté et salué la réélection de son vieil adversaire le Guomintang en 2008.

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