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Le projet Iter, quand les puissances mondiales s’allient pour notre avenir énergétique

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Inauguré en 1987, le projet de recherche international Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor, mais qui est traduit aujourd’hui depuis la locution latine qui signifie « le chemin ») a pour objectif de démontrer la faisabilité d’une production d’énergie par fusion nucléaire. L’énergie du Soleil et des étoiles, en somme. Elle pourrait être un complément essentiel aux énergies renouvelables, qui sont insuffisantes  pour répondre aux besoin énergétiques mondiaux croissants.

Le projet Iter, un chantier immense.
Le projet Iter, un chantier immense.

Créé il y a plus de trente ans, le projet Iter réunissait à l’origine l’URSS, les États-Unis, le Japon et Euratom. L’initiative a été rejointe par différentes puissances et s’est affinée pour aboutir, en 2006, à la signature de l’Accord Iter. Il définit de manière détaillée tous les aspects du projet.

Ce processus de fusion nucléaire a l’avantage de dégager une grande quantité d’énergie avec peu de matière première. Il n’émet pas non plus de gaz à effet de serre. Enfin, il produit des déchets radioactifs à durée de vie courte – une centaine d’années. Au sein des corps stellaires, ces réactions se produisent à des températures et des pressions extrêmes. Le but est donc de parvenir à contrôler ce processus, à quelques 150 millions de degrés Celsius. Le CEA français a envoyé en janvier 2018 des bobines supraconductrices – produites par GE Power, ex-Alstom – à destination du tokamak au Japon. Il s’agit d’une machine expérimentale européano-japonaise en mesure de permettre des fusions nucléaires et d’en exploiter l’énergie produite. Il existe déjà des tokamak actuellement, mais Iter marque une nouvelle étape car elle permettra d’étudier dans les conditions d’une centrale de fusion électrogène.

Iter, une technologie de pointe fruit d’une coopération internationale

Ce projet représente par ses membres actuels – UE, Suisse, Chine, Japon, Corée du Sud, États-Unis, Russie et Inde – 85% de la richesse mondiale[1]. 2018 est l’année charnière où débute l’assemblage des dix millions de pièces de l’installation expérimentale. L’exploitation de la machine se fera sur le site Iter, en construction depuis 2010 dans les Bouches-du-Rhône, en France. L’UE prend en charge la plus grande partie du coût de construction des installations scientifiques, à hauteur de 45,6 % (source: Energy Information Administration). Iter est appelée à être la première installation de fusion avec une production d’énergie nette. Elle générera plus d’énergie qu’elle n’en reçoit pour fonctionner. Ce tokamak Iter est ainsi conçu pour amplifier d’un facteur dix la puissance apportée par ses systèmes de chauffage.

L’initiative permet à l’Europe de s’investir concrètement dans l’avenir énergétique mondial. L’UE ouvre une voie afin de confirmer son rôle d’acteur majeur de l’innovation. De plus elle renforce également, à travers la technologie et la science, sa coopération avec le Japon déjà ravivée via la relance récente du JEFTA. Dans un contexte de mondialisation sans retour en arrière possible, les enjeux d’avenir doivent être abordés de manière collective. La technologie, largement exploitée dans le domaine militaire, sert aussi à des initiatives de coopération pacifique. Elle permet donc une optimisation de la mondialisation ici, dans le cadre du projet Iter.

 

 

[1] Site officiel du projet Iter

 

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Jessy PÉRIÉ

Diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et prospective à l'IRIS, Jessy Périé est analyste géopolitique et journaliste, spécialisée sur la zone Asie orientale. Elle s'intéresse particulièrement aux questions de politique extérieure chinoise et japonaise.

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