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Les Eurosceptiques : vers une victoire triomphale aux élections ?

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Du 22 au 25 Mai prochain auront lieu les élections européennes. Ce scrutin est absolument crucial car il risque de mettre en péril l’avenir de l’Union. En effet, un nouveau type de gangrène guette l’Europe. Marginal jusqu’à récemment, ce mal a gagné en puissance depuis la crise de la dette souveraine qui à mis au goût du jour les faiblesses de l’Union. De quoi s’agit-il ? Des partis ouvertement eurosceptiques dont on prédit l’éclatante victoire.

Jeudi 23 Janvier, Nigel Farage, chef du parti d’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, United Kingdom Independence Party) et eurosceptique notoire donnait une conférence à la London School of Economics et qui avait pour thème « Ces élections européennes ont de l’importance ». Fort de son avance dans les sondages, M. Farage, par ailleurs excellent orateur, s’est targué de vouloir sortir de l’Union Européenne, une position défendue par de plus en plus de chefs de partis à travers les différents Etats membres de l’Union comme Mme le Pen en France, M. Grillo en Italie ou encore M. Vona en Hongrie. Si ces mouvements ont, par le passé, connu plus de bas que de hauts, ils atteignent aujourd’hui une ampleur sans précédent, leur populisme trouvant facilement écho auprès de citoyens européens désabusés par l’incapacité de nos politiques à nous sortir du marasme économique depuis quelques années déjà.

Toutefois, ces mouvements sont dangereux car ils ne rendent pas véritablement compte de la réalité de l’Union Européenne. S’appuyant sur l’idée erronée que la Commission, et ses technocrates non-élus, dirigent l’UE d’une main de fer sans se préoccuper des attentes des citoyens européens, Farage et consorts utilisent l’absence de processus démocratique dans certains processus et organes de l’Union pour véhiculer le message suivant : sortons de l’Europe et tout ira pour le mieux !

Or, si la Commission Européenne possède d’importants pouvoirs, elle n’est que force de proposition législative et surtout, la gardienne des traités ainsi que l’organe d’exécution de décisions prises par le Conseil des Ministres, dont les membres sont issus des processus démocratiques nationaux et sont donc directement redevables de ces décisions devant leurs concitoyens. De plus, lors de l’investiture d’une nouvelle Commission, tous les 5 ans, le Parlement Européen, organe élu au suffrage universel direct par l’ensemble des citoyens de l’Union, a le droit de la rejeter mais il peut également la censurer tout au long du mandat qui lui est octroyé.

La force de tous ces discours eurosceptiques puise néanmoins sa source dans l’ignorance profonde que beaucoup de citoyens européens ont du processus décisionnel de l’Union. Il est en effet très facile de croire que la Commission est l’organe suprême de l’Union tant ses membres et ses prises de position sont médiatisées dans les différents Etats. Mais c’est bien sur des arguments plus que douteux que se fonde la principale, sinon la seule, proposition des partis eurosceptiques : la sortie de l’UE.

Mettons fin aux idéologies pseudo-nationalistes, soyons pragmatiques !

C’est bien ce genre d’arguments qui, depuis 2009, plaisent particulièrement à des citoyens européens lassés de l’inefficacité des politiques économiques mises en place dans les différents Etats-membres. Mais loin de servir les intérêts des membres à long-terme, ils ne proposent qu’une porte de sortie qui mène tout droit à un cul-de-sac ! En effet, une fois sortis de l’Union, quelle sera la marge de manœuvre des déserteurs ? Ils peuvent tout à fait négocier une sortie « à l’amiable » mais face au reste des autres membres, le pouvoir de négociation sera faible. Et ce même pour la septième puissance mondiale qu’est le Royaume-Uni, si ce dernier souhaitait quitter l’Union.

Des voix s’élèvent déjà en Grande-Bretagne, où David Cameron, premier ministre, a promis un referendum ayant pour sujet la sortie de l’Union, pour prévenir des difficultés économique supplémentaires qu’engendrerait une telle décision. L’industrie bancaire et l’industrie automobile s’alarment notamment de la montée en puissance des eurosceptiques de M. Farage. Mais quel que soit le pays dans lequel ces mouvements gagnent du terrain, il faut se poser les questions suivantes : que vaut la voix d’une Hongrie, d’une Italie, d’une France ou d’un Royaume-Uni, malgré leur puissance économique actuelle relative, face à la montée d’une Chine, d’une Inde ou encore d’une Russie ? Le risque de perdre des industries compétitives à la faveur des membres étant restés dans l’Union est-il si faible que cela ? Ces gens-là sont-ils prêts à parier avec nos emplois ?

S’il apparaît que le Parlement européen, l’organe démocratique par excellence de l’Union, ne détient que peu de pouvoir par rapport à la Commission, il semblerait plus opportun de pousser pour qu’il en acquière davantage plutôt que de déconstruire l’Union Européenne. Il existe donc bien un sens (et un seul!) dans lequel il est possible de rejoindre M. Farage : ces élections européennes ont bien de l’importance !

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