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Grèce : le retour en grâce ?

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Après 6 années de galère, la Grèce semble être sur la voie de la guérison. Elle vient d’effectuer un retour tonitruant sur les marchés financiers, récoltant environ 3 milliards d’euros à 5 ans pour un taux à 4,75%. Le signe que les affaires reprennent ?

L’heure du pardon aurait-elle sonné pour la Grèce ? Ce retour en fanfare sur les marchés financiers après une traversée du désert sous la forme d’une restructuration de dette en 2012 pourrait bien s’apparenter à une résurrection tant la situation se trouvait au point mort il y a encore un an de cela. Aujourd’hui, la Grèce vient à la fois de débloquer la dernière tranche de financement en date promise par la Troïka et emprunte à nouveaux sur les marchés. La confiance serait-elle donc de mise concernant le berceau de la démocratie ?

Angela Merkel, elle-même, vient d’effectuer un déplacement en Grèce pour signifier son soutien au premier ministre Samaras dont le parti est au coude à coude avec l’opposition dans les sondages qui portent sur les prochaines élections législatives grecques. Il apparait donc que les efforts héroïques consentis par les Grecs depuis le début de la crise de la dette publique ont fini par porter leurs fruits. Hourra, la dévaluation interne a séduit les marchés financiers !

Mais au-delà de ça, qu’en est-il de la Grèce ? Le chômage touche encore un quart de la population, la déflation qui menace la zone euro dans son ensemble est déjà bien installée en Grèce et la dette publique, malgré la restructuration et malgré un excédent budgétaire primaire de 1,5 milliards en 2013 culmine toujours à 177% du PIB. En somme, cette cure d’austérité n’aura servi qu’à détériorer les conditions de la demande intérieure grecque – et à retrouver la confiance des marchés, grand fait d’arme s’il en est.

Toutefois, il est permis de douter de ce dernier point également. Est-ce véritablement la confiance dans la Grèce qui s’exprime via cette émission de Bons du Trésor ? Ou bien les investisseurs se tournent-ils vers la Grèce parce qu’ils auront trouvé de nouvelles garanties ? Voire parce qu’ils n’ont pas d’autre choix étant donné le niveau de risque qu’ils sont prêts à prendre ? Un peu des trois peut-être. En effet, on constate un reflux des capitaux qui s’étaient réfugiés dans les pays émergents dont la croissance permettait d’assurer un retour sur investissement solide tout en minimisant le risque de placer des capitaux dans ces pays. La croissance ralentissant dans ces pays, y compris en Chine, les investisseurs retournent massivement dans les pays développés, acceptent une rémunération plus faible pour une sécurité de l’investissement accrue. La Grèce est un des pays qui rémunère le mieux sa dette étant donné l’histoire récente. Et comme elle se situe toujours dans la zone euro, elle bénéficie toujours du soutien de ces partenaires, quand bien même ces partenaires lui ont fait subir une austérité sans nom depuis 4 ans.

Du pain béni dans l’optique des européennes.

Néanmoins, ce retour sur les marchés est extrêmement bienvenu à deux mois des élections européennes. En effet, cette réussite économique devrait améliorer la position politique de Samaras vis-à-vis de l’opposition grecque ainsi que vis-à-vis du reste de ses partenaires européens. Cela devrait donc permettre à sa formation politique de bénéficier de ce signal positif pour être en tête aux élections européennes. Cela enverrait également un signal au reste du monde que l’UE a fait preuve de résilience ces dernières années mais qu’elle a réussi à s’en sortir. Espérons que ça n’arrive pas trop tard pour éviter le ras de marée eurosceptique que tous les sondages prédisent.

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