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Référendum sur l’indépendance en Ecosse : et si les indépendantistes avaient finalement gagné ?

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Le couperet est tombé : 55% des Ecossais se sont prononcés contre l’indépendance lors du référendum du 18 septembre dernier. Ce référendum, issu des accords d’Edimbourg signés en 2012 entre David Cameron et le chef du gouvernement écossais et leader du parti national écossais Alex Salmond, semble être un échec pour les indépendantistes. Un échec au point qu’Alex Salmond a annoncé sa démission le lendemain du scrutin. Mais si l’Ecosse reste au final dans le Royaume-Uni, les nationalistes écossais ont peut-être malgré tout remporté une nouvelle victoire.

Se dirige-t-on de plus en plus vers de nations côte à côte au sein d'un même pays ?
Se dirige-t-on de plus en plus vers deux nations côte à côte au sein d’un même pays ?

Car c’est un nouveau transfert de compétence de Westminster vers Edimbourg qui s’annonce. Depuis le Second « Scotland Act » de 2012 et les concessions faites par les dirigeants britanniques face à la montée du Oui, l’Ecosse doit désormais gagner une plus grande liberté dans sa gestion de la fiscalité : un domaine jusqu’ici réservé à Londres. Ce mouvement accompagne celui d’une prise d’indépendance croissante depuis le XXème siècle. En 1997 notamment, après un siècle de militantisme politique pour une plus grande autonomie, l’Ecosse obtient par le « Scotland Act » le droit d’établir un parlement et de lever des taxes. Le Parlement écossais s’occupe aussi des domaines de la Santé, de l’éducation, de l’environnement, de la justice et du logement entre autres. Il laisse les affaires étrangères, la défense, la sécurité sociale ou encore l’immigration à Westminster. Ainsi, si la proposition d’indépendance a échoué, l’Ecosse a encore gagné sur un point essentiel de gouvernance : la levée d’impôts sur le revenu d’ici 2016.

On peut ajouter à cela le fait que les parlementaires écossais peuvent voter sur des sujets strictement anglais mais que les parlementaires anglais ne peuvent voter sur des sujets strictement écossais. Plus globalement, depuis le Devolution Act du gouvernement Blair de 1997, les nations composant le Royaume-Uni ont de plus en plus cherché à obtenir leur indépendance. Ce phénomène est renforcé dans le cadre de l’Ecosse par le fait qu’elle demeure une région riche, notamment par l’exploitation off-shore de ses hydrocarbures, au sein d’une nation plus pauvre. Les Ecossais produisent ainsi 25% de PIB par personnes en plus que le reste du royaume. L’Ecosse ne souhaite plus payer. Plus globalement, on retrouve en Europe des situations similaires de régions riches qui demandent leur indépendance plutôt que de participer à la solidarité nationale : Les Flandres en Belgique, la Catalogne en Espagne et la Ligue du Nord en Italie.

Mais cette attitude risque surtout d’attirer la jalousie des régions voisines face à cette délégation des pouvoirs.

L’Ecosse reçoit ainsi la deuxième enveloppe budgétaire par personne du Royaume de la part de Londres. Le Pays de Galles commence à demander les mêmes droits et l’Angleterre ne voit pas pourquoi elle devrait laisser les parlementaires écossais se mêler de leurs politiques. Au final ce référendum et ses résultats divisent plus le Royaume que si le Oui l’avait emporté. L’Union Européenne, quant à elle, a été soulagée du résultat. Les revendications autonomistes ou indépendantiste venant s’ajouter à celles des nationalismes europhobes depuis la crise, même si les séparatistes sont souvent plus europhiles que leur nation, une victoire du non calme la situation.

Le prochain référendum aura lieu le 9 novembre et décidera du sort de la Catalogne en Espagne. Cette fois-ci c’est la légitimité du référendum qui est en cause, mais le simple fait de pouvoir l’organiser est déjà une victoire.

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