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Total, un exemple de grande entreprise française mondialisée

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Quatrième groupe énergétique mondial en 2016 en chiffre d’affaires, mais premier en termes de rentabilité, seule non-major historique, le groupe français surnage après plus de deux ans de crise pétrolière. Alors que les autres entreprises françaises de l’énergie sont en extrême difficulté, la résilience de Total est en partie due à une gestion « à la française ».

Rencontre entre le PDG de Total P. Pouyanné et V. Poutine

Depuis sa fondation en 1924 par le Président français Poincaré, Total, ex-Compagnie Française des Pétroles, n’a cessé de s’étendre, mais son influence et son importance ne sont réellement perceptibles que depuis une vingtaine d’années. Avec sa privatisation en 1993, puis les rachats réussis du Belge PetroFina et surtout d’Elf, Total est devenu un groupe majeur du pétrole et du gaz, avec ses 100 000 salariés, lui permettant de redevenir la première entreprise française en termes de chiffre d’affaires depuis 2014. Comme d’autres grandes entreprises du CAC40, la puissance de Total tient à son implantation mondiale : historiquement présente au Moyen-Orient, la fusion avec Elf lui a permis d’avoir un rôle considérable en Afrique (30% de la production du groupe). Les implantations plus récentes, en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud, lui assurent une couverture sur 130 pays. Elle est ainsi, au même titre que PSA et Renault, très intéressée pour un retour en Iran. Sa diversification, nécessaire dans une économie aussi risquée et prompte aux changements que celle de  l’énergie fossile, est ainsi pleinement assurée, à la fois dans l’exploration-production, cœur de métier du groupe, mais aussi dans le raffinage et la vente de ces produits pétroliers et gaziers.

La résilience de Total depuis la chute des prix pétroliers est assez remarquable. Elle est due en grande partie à des réductions de coûts drastiques, à hauteur de 2 à 3 milliards de dollars chaque année. Qui plus est, elle traverse la crise avec un impact social notable mais inférieur à celui de la plupart des entreprises du secteur, qui ont dû massivement licencier. On retrouve là une spécificité propres aux grands groupes français : geler les embauches plutôt que licencier, courber l’échine en temps de crise quitte à connaître une croissance moins forte lorsque la crise s’estompera. En effet, cette politique court-termiste pourrait avoir un impact négatif à plus long terme. Réduire ses investissements en temps de crise peut générer un retard lors d’une éventuelle reprise des cours. De plus, le groupe est moins présent que les autres majors dans l’exploitation du schiste nord-américain, qui n’est pas affecté par les quotas fixés par l’OPEP et dont la production frémit au fur et à mesure de la remontée (lente) des cours.

Néanmoins, il ne faut pas nier qu’en France, la réputation de Total est encore très négative. La diversification du groupe vers d’autres énergies, comme le solaire, est souvent critiquée pour être un green washing à peu de frais. La critique récurrente au sujet des faibles impôts payés par le Groupe en France ne doit pas faire oublier que son activité de raffinage dans notre pays reste cruellement déficitaire. Total est blâmée également pour sa présence dans certaines contrées du monde, notamment en Afrique, où les liens avec la sphère politique locale restent, pour ses thuriféraires, un symbole du maintien de la Françafrique. Néanmoins, malgré ces critiques parfois fondées, Total n’a pas encore à pâtir des graves maux affectant les autres grandes entreprises françaises du secteur de l’énergie (Areva, EDF, etc.), entre mauvaise gestion et endettement croissant.

 

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