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Zone euro : espace sous pression (1/2)

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« Une Europe prospère et en paix », voilà ce à quoi aspirait sûrement Jacques Delors au moment de sa présidence à la Commission européenne dans les années 1980 et 1990. L’Europe capturait alors les espoirs, concentrait les projets et était pour beaucoup, le symbole du renouveau européen. Aujourd’hui, le vieux continent n’a plus grand chose à voir avec ce tableau désuet : l’Europe serait plutôt le territoire des tensions, des désaccords et de la division, et même en temps de crise, les pays membres peinent à s’accorder sur leurs décisions, cela étant d’autant plus problématique que l’Europe n’est aujourd’hui ni plus ni moins, qu’ « au bord du gouffre ».

Jacques Delors siège à la présidence de la Commission Européenne depuis quatre ans lorsque celui-ci décide, en 1989, d’un rapport décisif et ambitieux, capable de réunir des énergies alors distendues et suffisamment crédible pour permettre de relancer la construction européenne, complément nécessaire à la mise en place d’un marché unifié. Le rapport propose trois étapes progressives s’ échelonnant sur plusieurs années et devant au final aboutir à l’émergence d’une Union Économique et Monétaire, notamment avec la création d’un Institut Monétaire Européen et la fixation des taux de change entre les devises européennes. 1999 marque l’entrée en vigueur de l’UEM en Europe, 2002 parachève l’unification monétaire des pays européens avec la disparition des monnaies nationales au profit de l’euro. L’Europe est alors prospère, l’intégration européenne se poursuit.

Alors comment expliquer une telle rupture avec la situation de l’Europe actuelle? La première raison est que la zone euro n’est pas une Zone Monétaire Optimale.

En effet à ce jour, la mobilité du travail n’est pas parfaite, tout comme celle du capital d’ailleurs en raison de primes de risque élevées entre les pays, et ce malgré l’Acte Unique de 1987 qui a réaffirmé le principe de liberté de circulation des capitaux dans la zone; la solidarité budgétaire est également inexistante, la zone euro ne disposant d’aucun budget commun, et celui de l’Union européenne ne représentant à peine qu’1% du PIB européen; enfin la compétition fiscale existe toujours entre les pays européens. Or selon Mundell, économiste canadien auteur de cette théorie de la ZMO, les avantages d’un union économique et monétaire n’existent que si celle-ci forme une telle zone : sans cela tout choc asymétrique tend à mettre les pays membres de la zone monétaire en difficulté, ces derniers ne disposant pas de l’instrument monétaire et du taux de change pour lutter efficacement contre la crise; la Grèce, membre de la zone euro depuis 2001, n’a donc aujourd’hui d’autre choix que de s’en remettre à la volonté européenne pour se sortir de ce mauvais pas.

Mais aujourd’hui, la volonté européenne est disparate, certains pays rechignant à soutenir la Grèce et se posant désormais la question suivante : la zone euro, prometteuse par le passé, ne doit-elle pas être abandonnée aujourd’hui ?

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