Russie et espaces post-soviétiques

Coupe du monde 2018 : quelles retombées pour la Russie ?

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Depuis la création de la Coupe du monde, les Etats se disputent son organisation afin d’en retirer des gains économiques et symboliques. Pendant un mois, le pays organisateur est sous les feux des projecteurs, ce qui constitue une opportunité considérable en termes de soft power et d’image. De ce point de vue-là, la Russie avait beaucoup à faire pour sortir gagnante.

La Coupe du Monde 2018 en Russie
L’organisation de la Coupe du monde a bonifié les représentations collectives internationales vis-à-vis de la Russie.

Pour Vladimir Poutine, l’enjeu était de taille : le Mondial 2018 devait se passer sans heurt ni incident et contribuer à glorifier la Russie au niveau international. En effet, l’image de cette dernière était particulièrement compromise à la veille de la compétition. Les critiques et les accusations adressées au pouvoir politique étaient (et demeurent) nombreuses : relations étroites avec le régime de Bachar al-Assad, annexion de la Crimée, empoisonnement mystérieux d’un ex-espion russe, ingérence dans la campagne présidentielle américaine de 2016, politique discriminatoire menée envers les homosexuels,… Non seulement la Coupe du monde a quelque peu bonifié les représentations collectives internationales vis-à-vis de la Russie, mais elle lui a également permis d’en sortir vainqueur sur le plan économique.

Un pari réussi en termes de retombées économiques

Le Comité Russe pour l’organisation de la coupe du monde a déclaré que cette dernière aurait rapporté environ 12,5 milliards d’euros à l’économie locale entre 2013 et 2018, soit une augmentation annuelle d’1% du PIB russe. De plus, elle aurait engendré la création de 315 000 emplois par an pendant ces six années. La demande en infrastructures qu’implique un événement de cette envergure profite dorénavant à la population et aux touristes, comme en témoignent la construction de stades et d’autres équipements sportifs, mais aussi des aéroports, des routes et des hôtels.

Le défi sécuritaire relevé

Le régime de Vladimir Poutine peut se targuer d’avoir accueilli un événement qui s’est déroulé de manière pacifique. Grâce aux anticipations des autorités sur de nombreux fronts, la Russie apparaît comme un pays sûr et puissant à une époque où les grands événements sportifs sont la cible d’attaques. Plus de 25 millions de cyberattaques auraient été déjouées ainsi que de nombreux attentats. Par ailleurs, il n’y a pas eu d’incident notable du côté des hooligans, les autorités compétentes ayant pris soin d’interdire de stade tous les supporters de ce type identifiés.

Une normalisation de la Russie sans retombées diplomatiques conséquentes

Le traitement fait par les médias tout au long de la compétition a contribué à normaliser le pays. Nombre de reportages ont dépeint la Russie comme un endroit où il fait bon vivre, contrastant avec les habituelles représentations se cantonnant aux violations des droits de l’Homme. Le Mondial a apporté festivités et magie du sport, ce qui a participé au rapprochement des consciences entre populations russe et étrangères.
Pour autant, la Coupe du monde n’a pas eu de conséquences sur les relations interétatiques, qui relèvent moins d’une question d’image que d’intérêt national propre à chaque Etat.

Sources :

http://www.europe1.fr/international/la-russie-a-ete-visee-par-25-millions-de-cyber-attaques-pendant-la-coupe-du-monde-3711449

Rapport du Comité Russe pour l’organisation de la Coupe du Monde publié le 16 octobre 2018

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Axelle Jourdain-Derros

Axelle Jourdain-Derros est étudiante à Sciences Po Toulouse. Elle s’intéresse notamment aux problématiques liées aux grandes organisations internationales et aux enjeux de défense. Elle est rédactrice pour les Yeux du Monde depuis décembre 2018.

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