Géoéconomie

Brisbane : un G20 de promesses et de tensions

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Tony Abbott, le premier ministre conservateur australien, avait surement souhaité que l’on se souvienne longtemps du G20 de Brisbane ce 15 novembre mais peut-être pas de cette manière. Alors que les G20 sont des sommets de négociations directes entre leaders mondiaux censés aboutir sur des compromis les tensions et les retournements de situation ont été nombreux.

L'hôte australien est-il arrivé à faire collaborer les pays membres ?
L’hôte australien est-il arrivé à faire collaborer les pays membres ?

Avant même la tenue du G20 une rupture politique est survenue : les Etats-Unis et la Chine se sont mis d’accord le 12 novembre sur un plafonnement, certes timide et à long terme, de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Cet accord est une première, surtout après le fiasco de Copenhague en 2009, mais contredit aussi la direction donnée par Abbott, qui était de favoriser la croissance même au détriment de l’environnement. Les discussions sur le climat ont été les plus difficiles et le paragraphe final se réduit à des promesses d’actions tout en mentionnant le fond vert de l’ONU : un fond alimenté par les pays développés pour aider les pays en voie de développement à mettre en pratique la transition énergétique. Globalement les actions et les engagements sont repoussés à la Conférence de Paris en 2015. Sur le sujet de la croissance, les pays du G20 ont pour objectif une croissance additionnelle d’au moins 2.1% d’ici 2018 et un centre sera installé à Sydney pour aider pendant quatre ans au partage de bonnes pratiques et à la coopération public-privé.

Au niveau de la transparence fiscale, les pays membres se sont engagés à changer le shadow banking, à poursuivre le plan de l’OCDE, ainsi qu’à clarifier les tax ruling : ces accords fiscaux entre administrations et multinationales. Les efforts de transparence n’iront cependant pas jusqu’à la publication des informations. Mais dans tous les média c’est la question la Russie qui a retenu l’attention. La crise actuelle en Ukraine a isolé Vladimir Poutine qui a déjà dû faire face aux critiques américaines et britanniques juste avant d’arriver en avion à Brisbane. La politique russe consistant à armer de plus en plus lourdement, et ouvertement, les séparatistes ukrainiens, faire survoler des pays européens par des avions russes et faire croiser des bâtiments de guerre dans le Pacifique Sud, a tendu les relations avec les occidentaux. La France qui devait ainsi livrer un bâtiment Mistral à la Russie ce mois-ci s’abstient pour l’instant de le faire sans que l’entrevue Hollande-Poutine de samedi n’y ait changé quoi que ce soit.

Vladimir Poutine a ainsi quitté le sommet, non sans préciser que les discussions ont été constructives.

Au final ce G20 peut globalement être considéré comme un succès en demi-teinte : les décisions relatives au climat seront adoptées l’an prochain, la transparence fiscale suit le plan prévu et les objectifs de croissance ont été fixés et seront surveillés. Le G20 ayant pour but de rassembler 90% de l’économie mondiale, son propos économique est ici atteint. Mais il échoue à aménager une sortie de crise sur le dossier Ukrainien : un dossier qui mériterait un G7, plus politique, si ce dernier n’avait pas déjà exclu la Russie…

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