Mondialisation et enjeux

Où sont passés les altermondialistes ?

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Depuis hier, c’est officiel : notre planète est en situation de « dette écologique ». Cette dénomination n’est pas issue de Greenpeace mais de l’ONG Global Footprint Network, également à l’origine du terme d’empreinte écologique, auteur d’un rapport paru hier qui n’est pas pour rassurer les altermondialistes ; s’il en reste encore.

En huit mois, l’humanité a épuisé tout ce qu’elle avait de ressources naturelles pour un an ; non pas qu’à partir de maintenant, les voitures rouleront à la force du vent et la population mondiale ne devra s’hydrater qu’à partir de l’eau de pluie, mais tout ce que notre planète était capable de produire pour un an a déjà été consommé, supposant une consommation désormais basée sur des ressources naturelles non-renouvelables ; la mention même de dette provient de cet état de fait.

Bien évidemment, malgré la nouvelle, l’industrie mondiale de production de déchets et de gaz à effet de serre ne s’arrête pas pour autant ; d’ailleurs, ces deux productions sont la principale cause de la précocité de plus en plus avancée de la date fatidique, malmenée d’autre part par l’augmentation continue de la population mondiale et par la surconsommation. Un constat qui ne serait pas sans alarmer les altermondialistes, s’il y en avait encore.

Le mouvement altermondialiste est né à la fin des années 1990 en réponse à l’essor de la mondialisation. La défense des pays du Tiers-monde, soutenus d’être spoliés par les pays du Nord et par les plans d’ajustement structurels du FMI est alors de rigueur, peu à peu favorisée par la succession de Forums sociaux mondiaux. La mondialisation néolibérale est accusée d’être à l’origine de tous les maux, y compris environnementaux, à travers l’orientation écologique du mouvement.

Au centre de ce débat se trouve un concept pour le moins énigmatique : celui de « décroissance ». Partant de l’hypothèse que, plus la population mondiale augmente et plus vite l’humanité court à sa perte, ses défenseurs, également appelés « objecteurs de croissance » proposent de revenir à une activité économique ralentie, en la relocalisant notamment de manière à réduire les dépenses énergétiques mondiales ; une théorie qui n’est pas sans rappeler celle soutenue par Malthus en son temps, largement infirmée depuis.

Mais à ce jour, des slogans tels que « le monde n’est pas une marchandise », « pour une mondialisation à visage humain » ou bien encore « un autre monde est possible », le slogan phare du mouvement, ne semblent plus être que de lointaines reliques, tant l’activité altermondialiste s’est ralentie au fil du temps. Ainsi Attac – Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne-, l’un des principaux acteurs du mouvement altermondialiste ne fait-elle plus aujourd’hui parler d’elle, après avoir tant agité le débat politique pendant près de six ans : depuis 2006, l’association a perdu plus de la moitié de ses adhérents, malgré la crise économique de 2008-2009.

Depuis le milieu des années 2000, le déclin du mouvement altermondialiste est donc marqué, en même temps qu’étrangement, nombre d’anciens pays du Tiers-monde n’ont cessé de monter.

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