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L’initiative européenne d’intervention : nouvelle tentative d’impulser l’Europe de la défense

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Ce lundi 25 juin 2018, neuf pays (France, Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Estonie, Portugal, Danemark, Pays-Bas, Espagne) ont signé au Luxembourg « l’initiative européenne d’intervention » (IEI). Le but de l’IEI est de pouvoir réagir, en cas de crise, plus rapidement et efficacement  que des institutions comme l’OTAN ou l’Union Européenne qui sont ralenties par les lourdeurs administratives. La signature de cet accord restreint amorce manifestement une nouvelle période destinée à faire avancer l’idée d’une Europe de la défense.

L'initiative européenne d'intervention ou la volonté de relancer l'Europe de la Défense
L’initiative européenne d’intervention a été créée par un groupe de pays restreint dans l’espoir de d’impulser une nouvelle dynamique à l’Europe de la défense

L’IEI est un projet qui a été porté par Emmanuel Macron depuis son discours de la Sorbonne en septembre 2017 dans lequel il évoquait la nécessité de créer une « force commune d’intervention » qui serait un « complément de l’OTAN ». C’est désormais chose faite mais à neuf. L’Europe de la défense avance donc en nombre restreint et souhaite s’affranchir de la barrière que représente le vote à l’unanimité des pays européens pour déclencher une intervention militaire.

L’initiative européenne d’intervention devrait permettre de développer une culture stratégique commune d’après Florence Parly, ministre française des Armées. Les neuf forces armées seront amenées à s’entrainer ensemble pour stimuler l’échange d’informations stratégiques entre les États-majors ainsi que la planification et la création d’un mode d’action commun en cas de crise. Le spectre des interventions dans laquelle l’IEI peut être engagée varie de la catastrophe naturelle à l’évacuation de ressortissants ou à l’intervention armée extérieure.

L’équation complexe des intérêts des signataires

L’Allemagne d’Angela Merkel qui était un peu réticente à cette initiative, s’est rallié à l’IEI. La seule condition préalable a été le maintien de la Coopération Structurée Permanente, disposition du Traité de Lisbonne permettant aux États membres de l’Union européenne qui le souhaitent, de développer des capacités militaires communes. Or, l’Allemagne et la France ont acté le 19 juin 2018, à Meseberg, la continuité de leur programme de défense commun. Le Royaume-Uni, quant à lui, fait partie de l’IEI malgré les négociations en cours pour sortir de l’Union européenne. L’opportunité est double : pour l’Europe garder l’un des plus grands contributeurs de la défense européenne, pour le Royaume-Uni garder un lien fort avec l’Europe au moment où cette dernière prône un « Hard Brexit ». Pour le moment, l’Italie se dit intéressée par le projet mais la récente arrivée au pouvoir de Giuseppe Conte n’a pas permis au pays de s’y engager tout de suite.

L’IEI : pas en avant ou éternel recommencement ?

Cette nouvelle coopération en matière de défense européenne soulève plusieurs interrogations surtout que ni son contenu, ni les modalités concrètes de fonctionnement n’ont été clairement délimité, à l’instar du financement. Sera-t-il calculé au prorata des capacités déployées ? Le fonds européen de défense prendra-t-il en charge une partie des opérations ? Les autres interrogations concernent les modalités de commandement de la structure, à savoir ses processus de décision et la mesure de son efficacité par rapport aux autres groupements européens déjà existants comme les « Battlesgroups« , jamais utilisés depuis leur création en 2005. Enfin, l’IEI incarne à elle seule certaines des critiques qui sont adressées à l’Union, comme une Europe à deux vitesses ou encore la lenteur et la difficulté administrative pour prendre des décisions. Dans le même temps, on peut saluer la volonté européenne de regagner en autonomie sur les questions de défense au moment où le Président américain Donald Trump, dénonce le financement de l’OTAN et claque la porte du G7.

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Eléonore Motel

Eléonore est étudiante en master 2 à Sciences Po Lille. Ses thèmes de prédilection sont l'intelligence économique, les problématiques de défense, de sécurité et d'innovation

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