Le monde avant 1914

Les liens entre la révolution industrielle et la révolution agricole au XIX° siècle

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Dessin de la moissonneuse inventé par Cyrus McCormick
Dessin de la moissonneuse inventé par Cyrus McCormick

Historiquement, les liens entre ces deux révolutions ne semblent pas évidents. Dire que l’une découle de l’autre et qu’il y a un simple rapport de causalité serait sans doute une vision simpliste.

Rostow, économiste américain du XX° siècle, estime que la révolution agricole est antérieure à la révolution industrielle. Elle serait même nécessaire à tout progrès industriel : d’ailleurs, c’est en Grande-Bretagne, là où la révolution agricole a débuté, que la révolution industrielle a été la plus précoce. En effet, comment développer l’industrie dans un pays où la main d’œuvre est afférée aux travaux agricoles ? Les progrès agraires semblent ainsi nécessaires pour développer une main d’œuvre agricole. La hausse des rendements auraient également permis de dégager des excédents commerciaux qui auraient servi à la modernisation des techniques, par l’achat d’outils par exemple, et donc au développement industriel. L’épargne des paysans a donc pu être utilisée pour acquérir des machines agricoles ou encore de l’engrais, même si cela est à nuancer fortement dans le cas britannique. On peut également penser que la baisse des prix des matières agricoles, conséquences de progrès de l’agriculture, a pu permettre à la population d’acheter d’autres biens et donc de favoriser les achats de produits industriels, textiles notamment.

Pourtant, en France comme en Allemagne, on n’a pas observé de véritable développement du secteur agricole avant la révolution industrielle. De plus, dans la plupart des pays européens, la main d’œuvre utilisée par l’industrie provient des milieux urbains et non pas du monde agricole, d’où un rôle des progrès de l’agriculture à nuancer. L’industrie aurait donc également joué un rôle dans le développement du secteur primaire : déjà, en 1834, l’invention de la moissonneuse-batteuse par McCormick avait permis de moderniser les pratiques agricoles. En outre, à la fin du XIX° siècle, l’apparition des tracteurs ou le recours plus systématique des engrais a été à l’origine d’une forte augmentation des rendements agricoles et on a alors pu parler de « deuxième révolution agricole ». Enfin, les progrès des transports ont impulsé une logique de spécialisation agricole favorisant des rendements élevés.

Quoiqu’il en soit, les progrès agricoles ont permis une disparition des famines (la dernière en Europe occidentale a lieu en Irlande à la fin des années 1840) et donc une hausse de la main d’œuvre et un élargissement des marchés, favorisant ainsi une croissance fondée davantage sur l’industrie.  Mais au final, c’est bien une interdépendance qui a été à l’œuvre entre les révolutions industrielle et agricole.

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