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L’Indochine française

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Près de 60 ans après le début de la guerre d’Indochine, les rapports entre la France et les Etats de l’ancienne Union Indochinoise sont apaisés mais non emprunts d’une certaine froideur et d’une gêne mutuelle. Un retour sur l’histoire de l’Indochine française peut contribuer à expliquer ces relations paradoxales et intenses.

L'exotisme romantisé de l'Indochine ressort parfaitement de cette affiche de 1897
L’exotisme romantisé de l’Indochine ressort parfaitement de cette affiche de 1897

La colonisation de l’Indochine par la France débute à grands traits le 18 février 1859. En réaction face à des exactions commises à l’encontre de minorités chrétiennes, Napoléon III fait capturer Saigon par les forces françaises. Cette occupation s’étend rapidement à la Cochinchine orientale (1862-1864), puis occidentale (1867) grâce à l’amiral de La Grandière. Ce dernier, en tant que gouverneur de la Cochinchine, place également en en 1863 le Cambodge sous protectorat français, pour le protéger de l’expansionnisme siamois. La IIIe République continue d’affermir cette présence française via, notamment, la prise d’Hanoï en 1873 par Francis Garnier. Au terme ensuite d’une guerre franco-chinoise entre 1881 et 1885, la France, qui contrôle déjà la Cochinchine et le Cambodge fait passer sous son contrôle l’ensemble du Tonkin et de l’Annam. En 1893 vient s’ajouter à l’ensemble le Laos, qui préfère là-aussi le protectorat français au joug du Siam. Durant cette période de conquête coloniale, on note que les évènements d’Indochine, notamment la campagne du Tonkin constituent un enjeu non-négligeable dans la vie politique française. L’échec de Lang Son en mars 1885 provoque ainsi la chute du gouvernement Jules Ferry.
L’Union générale indochinoise est crée en 1887, recouvrant au total 737 000 km2, pour une population d’environ 15 millions d’habitants. Elle est dotée très tôt d’une structure administrative centralisée. Un véritable petit « Etat » est créé, doté d’un budget indépendant, soulageant ainsi grandement les finances de la métropole. Le premier gouverneur général d’Indochine, Paul Doumer (futur Président de la République), lance en 1896 la politique constante de l’administration française en Indochine. Un travail de modernisation est ainsi mis en place de manière volontariste, avec la construction de routes, ponts et voies ferrées liant les cinq provinces entre elles. Un système éducatif performant est mis en place, et l’université d’Hanoï est créée en 1907. Enfin, l’agriculture locale est considérablement modernisée, avec notamment l’instauration de systèmes d’irrigation : entre 1893 et 1935, 35 000 hectares de nouvelles terres marécageuses sont ainsi cultivées.
L’Union Indochinoise n’a jamais été une colonie de peuplement. Il s’agissait clairement pour la France d’une colonie d’exploitation. Elle fut en effet rentable dès le début, et prouva son importance stratégique lors de la Première Guerre Mondiale, au cours de laquelle sa puissance économique soutint vigoureusement l’effort de guerre métropolitain.
Toutefois, malgré la bonne volonté de l’administration et un réel attachement de la population française à l’Indochine, le fossé social entre autochtones et européens n’a jamais réellement été comblé. L’accès aux hautes fonctions administratives était réservé aux français. La vie fastueuse de certains colons accentue parfois ce malaise. En outre, malgré des efforts certains d’assimilation à la culture française, des foyers de nationalisme, comme dans la province de Vinh (d’où est issu Hô-Chi-Minh), ne pourront jamais être neutralisés par l’administration. Ce fossé, en forme de malentendu, reste au fond sans doute l’une des principales causes de la marche inéluctable vers l’indépendance des différentes provinces indochinoises.

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