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Le Cap face au spectre d’une crise de l’eau

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Suite au phénomène El niño qui, ces dernières années, prend une ampleur jamais observée auparavant, l’Afrique australe subit une période de sécheresse exceptionnelle. Malgré la réduction de moitié de sa consommation d’eau annuelle depuis 2016, Le Cap peine à garantir à ses habitants un approvisionnement régulier en eau potable. Le spectre d’une crise de l’eau est plus que jamais présent. 

 

pénurie d'eau
L’eau est devenue une denrée rare au Cap.

Une pénurie d’eau potable sans précédent

Habituée à des périodes de précipitation de mai à août, la ville peine à connaitre aujourd’hui ne serait-ce que quelques jours de pluie. Résultat, la plupart des nappes phréatiques censées alimenter les réseaux urbains sont à leur niveau le plus bas. Le principal objet d’inquiétude de Patricia de Lille, actuelle maire du Cap, est le « day zero » ou « jour zéro ». Les scénarios-catastrophes décrivent ce « jour-seuil » comme étant le jour où l’eau potable ne sera plus disponible pour la population par le biais des canalisations urbaines classiques. Ainsi, chaque semaine, les Capétoniens suivent en temps réel sur le site officiel du Cap l’avancement de cette échéance fatidique. Au début annoncé entre le 12 avril et le 15 juillet, le « jour zéro » semble avoir été repoussé en 2019. Mais rien n’est moins sûr.

Une solution : le contrôle draconien des consommations d’eau

Dans un tel contexte, toutes les mesures sont bonnes pour contraindre les habitants à limiter leur consommation. Pour ce faire, la mairie du Cap a mis en place dès 2016 des mesures draconiennes visant à limiter la consommation d’eau à 50L par personne et par jour (ce qui équivaudrait à une douche de 3 minutes en France !).

En parallèle, la mairie a créé un système de points et de couleurs afin d’évaluer régulièrement la consommation d’eau des foyers capétoniens. Ce  système encourage chaque habitant à dénoncer tout foyer qui ferait preuve d’une utilisation abusive de l’eau disponible. Ainsi, à l’heure où les Capétoniens manquent cruellement d’une ressource qui leur est vitale, la délation autour des usages de l’eau crée un climat de tension quotidienne dans les quartiers.

Par ailleurs, cette limitation va de pair avec des critères tarifaires beaucoup plus exigeants. Début février 2018, le prix est passé de 4,56 rands à 29,93 rands ( 0,30 € à 2,02 € ) (1) le litre. Une telle augmentation ne manque pas de créer une crise socio-sanitaire asymétrique où les plus aisés demeurent moins affectés que les foyers les plus modestes.

Si le « jour zéro » venait à être atteint, les pires scénarios sont à imaginer dans la mesure où cela entrainerait un rationnement total. Chaque habitant serait obligé de s’approvisionner dans un des 200 points de distribution d’eau mis en place par la mairie du Cap à hauteur de 25 L d’eau par jour et par habitant (soit quasiment 1/7 de la consommation quotidienne d’un Français). Ce serait le début d’une crise sociale et sanitaire encore plus grave qui signerait l’implosion de la société capétonienne autour des conflits d’usage de l’eau. D’autant plus que la mairie du Cap, contrôlée par le parti d’opposition Alliance Démocratique, est de plus en plus critiquée pour son manque d’anticipation du problème.

Bien loin d’être un cas isolé de tensions pour le contrôle de l’eau, le Cap cristallise une problématique qui pourrait être celle de tous les continents dans un futur proche. Aujourd’hui, d’après le Conseil mondial de l’eau, ce sont 1,3 milliard d’individus qui n’ont pas accès à l’eau potable. D’ici 2030, la demande d’eau potable pourrait, d’après l’ONU, dépasser de 40% sa production. La gestion et la répartition de cette ressource apparaissent donc de plus en plus comme des enjeux clés du XXIème siècle.

 

 

(1) Source : Jeune Afrique : Afrique du Sud : Le Cap se prépare à une pénurie d’eau, appelée le « jour zéro »

 

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