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2011/2021 – Syrie : un conflit inextricable ?

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Depuis mars 2011, la guerre civile en Syrie s’est internationalisée en une lutte par procuration entre puissances régionales : l’Arabie Saoudite, la Turquie et l’Iran. Puis en une guerre mondiale, avec l’intervention de la Russie et des États-Unis, contre un groupe terroriste transnational : l’Etat islamique. Dix ans plus tard, aucune solution pacifique globale n’a été trouvée à ce jour. Quid de la situation en 2021 ?

Syrie
La Syrie, un carrefour du Moyen-Orient.

La multiplicité des acteurs, et de leurs intérêts, rend particulièrement complexe la résolution de ce conflit. Le processus de paix onusien, les pourparlers de Genève, ont été concurrencés par le processus russe, le format d’Astana, dirigé par Moscou, avec Téhéran et Ankara. Bien que plus efficaces au début, grâce à un management stratégique des acteurs régionaux, ces négociations n’ont abouti à aucun accord unanime.

Les forces en présence sur le territoire syrien

Le gouvernement syrien, grâce à ces soutiens, a repris l’axe majeur Damas, Homs, Alep et environ 70% du territoire. La survie du régime passe par la reconquête du pays.

La Russie soutient Assad depuis 2015 et participe actuellement aux combats dans le Nord-Ouest – région d’Idlib, dernière enclave des djihadistes et de la rébellion. Moscou entend sécuriser ses deux bases militaires en Syrie et ainsi bénéficier d’un accès à la mer méditerranéenne. 

Destituer Bachar al-Assad est une question de sécurité nationale pour la Turquie car Erdogan considère que le président syrien est incapable de contrôler les kurdes. Ankara considère cette minorité ethnique comme une menace pour la stabilité du pays. Cette dernière craint une alliance des kurdes turcs et syriens. C’est pourquoi la Turquie a établi une zone tampon à la frontière turco-syrienne. 

Les Kurdes, grâce à leurs victoires face aux terroristes, notamment l’Etat Islamique, tiennent aujourd’hui la partie est du territoire syrien. 

Enfin, les djihadistes à Idlib sont principalement regroupés sous le groupe Hayat Tahrir Al-Cham, une émanation d’Al-Qaida. L’opération de reconquête lancée au printemps 2019 par le régime syrien avec le soutien de l’aviation russe fait face à une résistance farouche, soutenue officieusement par les Turcs. 

Les enjeux d’un retour américain

La politique étrangère américaine a particulièrement influencé ce conflit. Le retrait des États-Unis de la région, initié par Trump, a créé des changements géopolitiques majeurs. Le nouveau président américain, a déjà fait des déclarations éloquentes sans qu’on sache à l’heure actuelle si elles seront suivi d’actions concrètes.

Premièrement, la Russie a profité du retrait américain pour renforcer son influence au Moyen-Orient. Or, Biden entend être moins conciliant que son prédécesseur avec le pouvoir russe. Récemment, il y a eu des tensions entre la Russie et les États-Unis ; la nature de leur relation sous la nouvelle administration aura certainement une influence sur l’échiquier moyen-oriental. 

Deuxièmement, alors que Biden a affiché sa volonté de réintégrer l’accord sur le nucléaire iranien, sa première opération militaire a visé en février des milices pro-iraniennes en Syrie. Il s’agit d’un signal fort envoyé à Téhéran. Or, l’Iran, fidèle allié du régime syrien a déjà englouti des milliards pour le soutenir, via notamment la force Al-Qods et le Hezbollah. La république islamique attend évidemment un retour sur investissement. Or, du fait des sanctions américaines, l’Iran doit faire face à une crise économique intérieure catastrophique. Ainsi, le soutien iranien à la Syrie sera influencé par la nouvelle politique américaine.

De même, pour la Turquie ; deux récents événements ont mis en exergue les tensions entre ces deux pays membres de l’OTAN. D’une part le retrait d’Ankara de la convention internationale sur la protection des femmes, d’autre part, les exhortations américaines à ne pas conserver le système de défense aérienne russe S-400.

Syrie : un drame humanitaire sans solution pérenne

Dix ans de conflit : 380 000 morts, 13 millions de Syriens déplacés ou réfugiés et 90% de la population vivant actuellement en dessous du seuil de pauvreté. De plus, la crise économique et financière s’aggrave d’années en années ; la récente loi américaine « Caesar » entrée en application le 17 juin 2020 alourdit encore les sanctions.

De surcroît, la pandémie menace un système de santé déjà mis à mal après une décennie de conflit. Le gouvernement syrien n’a pas encore mis en place de réponse solide face à la propagation du virus et refuse de fournir des informations transparentes et cohérentes sur l’épidémie. 

Nombre d’observateurs internationaux et spécialistes avaient prévu la chute d’Assad dès le commencement du conflit. Ces prédictions se sont révélées fausses ; « quoi qu’il en coûte » a été le mot d’ordre du régime depuis. Mais un retour à la normal est-il possible avec Assad au pouvoir ? La création en 2019 par l’ONU de la Commission constitutionnelle devait marquer le début d’un processus politique visant à mettre fin au conflit conformément à la résolution 2254 (2015). La Commission, composée de 150 membres du pouvoir, de l’opposition et de la société civile n’a toujours pas aboutie à un accord.

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Mathilde

Mathilde est diplômée du Master international "Politics and Economy in Eurasia" du MGIMO (Institut d'État des Relations internationales de Moscou). Elle est passionnée par la géopolitique de l'espace post-soviétique et du Moyen-Orient.

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