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Géopolitique de l’humanitaire : actualité, acteurs, perspectives

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On assiste depuis la deuxième guerre mondiale à un développement extraordinaire de la diplomatie humanitaire ainsi qu’à l’importance de la mobilisation de la société civile pour des causes humanitaires ; rappelons qu’en 2004 les Français ont donné plus de 330 millions d’euros pour les victimes du tsunami. La diplomatie humanitaire doit se comprendre comme des contacts discrets ou publics de gouvernements ou d’organisations humanitaires avec d’autres gouvernements ou des entités de la société civile pour gérer les situations d’urgence, promouvoir le droit humanitaire et protéger efficacement les populations.

Conflits en Afghanistan, en Libye, au Proche-Orient, famine dans la Corne de l’Afrique, catastrophes climatiques en Asie du Sud-est, les situations de crise humanitaire sont multiples et exigent une analyse détaillée de la part des observateurs, qui déterminera d’ailleurs le droit applicable : national, international ou humanitaire.  Si les moyens logistiques nécessaires à l’acheminement des secours diffèrent, la nécessité d’une action en profondeur et sur la durée leur est cependant commune.

Le « Segment humanitaire » du Conseil économique et social de Genève en 2011 l’a d’ailleurs souligné : mesures de prévention, action, renforcement des capacités de résilience des populations, aide à la reconstruction ; il s’agit d’être efficace dans l’urgence et de s’inscrire dans le long-terme.

Gouvernements et ONG, populations locales et groupes non-étatiques, les acteurs engagés dans ces problématiques sont nombreux. On parle d’ailleurs aujourd’hui de diplomatie humanitaire multidisciplinaire. En effet, les médecins, logisticiens, juristes, spécialistes climatiques et des relations internationales se doivent d’ajouter à leur expertise la capacité d’action et de négociation à tous les niveaux et avec tous les interlocuteurs : gouvernements, ONG, médias, responsables religieux…

Un mot sur le Comité International de la Croix Rouge. Acteur de la diplomatie humanitaire et disposant du statut d’observateur à l’ONU, le CICR n’est ni une ONG ni une organisation intergouvernementale mais dispose (par mandats de la Communauté Internationale) d’une personnalité juridique internationale fonctionnelle qui leur permet d’approcher acteurs non-étatiques et gouvernements non-reconnus sans pour autant leur conférer de statut. Pouvoir de négociation discrète, mobilisation d’alliés potentiels et promotion du droit humanitaire à tous les niveaux, le CICR a une approche intégrée et impartiale de la diplomatie humanitaire : il l’utilise et s’en démarque à la fois.

Les biais et limites de la diplomatie humanitaire sont facilement identifiables : objet de manipulations des interlocuteurs politiques, surmédiatisation de certaines situations (« facteur CNN »), lutte pour des organisations plutôt que pour les victimes pour défendre des intérêts institutionnels ou gouvernementaux. C’est pourquoi la formation (notamment juridique) des acteurs humanitaires, politiques et militaires doit être améliorée, et le développement de plateformes de dialogue informel encouragé, sur le modèle du « Chatham House » ou de l’Institut International de Droit Humanitaire de San Remo. Aide aux victimes, la diplomatie humanitaire influe sur la sécurité internationale et apporte à la Communauté Internationale une dimension humaniste, au sens fort, plus que nécessaire.

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