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Centrafrique : la crise oubliée ?

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Depuis le coup d’Etat qui a renversé le Président F. Bozizé en mars 2013, le pays ne cesse de s’enfoncer dans le chaos. Fin août, le président français parlait même d’un pays « au bord de la somalisation ». Des affrontements entre les membres de la Séléka au pouvoir, dirigé par Michel Djotodia, et des soutiens de l’ancien président, ont fait au moins 60 morts les 8 et 9 septembre dans l’ouest du pays. Les sources de cette insécurité croissante sont multiples : membres de l’armée nationale ayant déserté mais toujours en possession de leurs armes, rebelles encore actifs menant des exactions,  faible légitimité du chef de l’Etat auto-proclamé et indigence des moyens.

Une force africaine, la MISCA, forte de 3600 hommes ainsi qu’un contingent de l’armée française sont présents dans la capitale mais peinent à garantir la sécurité de l’ensemble de la population. Le conditionnement de l’aide extérieure au retour à la stabilité empêche par ailleurs une amélioration de la situation à court et moyen terme. La situation humanitaire est particulièrement dégradée : la sécurité alimentaire n’est pas assurée et l’accès au soin est par endroits impossible, les cas de paludisme ont par exemple augmenté de 38%.

La Centrafrique sur le chemin d’un conflit confessionnel ?

Les pillages, mais aussi les attaques font entrer les populations dans un cycle de représailles, à même d’être instrumentalisé dans une logique confessionnelle. Les jalons d’une guerre ethnico-religieuse semblent ainsi être posés dans un pays majoritairement chrétien, mais au nord duquel vivent de nombreux musulmans (10 à 15% de la population).  Le nouveau président, musulman, bouleverse les traditions d’exercice du pouvoir, et la menace du terrorisme islamiste brandie par le président déchu trouve encore un écho dans la population. Les membres de la Séléka sont perçus, comme des « étrangers » car essentiellement issus de régions pauvres éloignées du centre, plus que comme des intégristes. Face à l’accroissement des tensions, le président a décidé de dissoudre la Séléka. Il a de même annoncé que pour des raisons économiques les membres du Gouvernement n’assisteront pas aux sommets internationaux. Ces deux éléments interrogent la stratégie politique de M. Djotodia: la dissolution du mouvement n’empêchera certainement pas la permanence des tensions et de même, la non participation aux sommets internationaux risque de marginaliser encore plus le pays dans l’agenda international. Une réunion est néanmoins prévue au Conseil de Sécurité de l’ONU le 25 septembre.

Les mouvements de population (60 000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins); mais aussi de la circulation d’armes revêtent un potentiel de déstabilisation important. La gestion de la crise centrafricaine ne peut reposer sur l’attente d’une intervention occidentale et nécessiterait de plus l’implication des pays voisins. Le Cameroun dispose par exemple de nombreux moyens, et ne peut rester passif, ne serait-ce que par sa proximité géographique. C’est de même l’action de l’Union africaine qui est de nouveau testée par cette crise. L’effondrement de l’Etat, notamment dans les provinces, nécessite une action politique et une aide sur le long terme afin de restaurer l’Etat de droit et la réconciliation.

 

Pour des informations plus détaillées sur la géopolitique de la Centrafrique : http://www.diploweb.com/Republique-centrafricaine.html

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